«Ce qu'on appelle Libération s'apparente bien plus à une totale pacification, là, sur place, avec toutes les parties en présence, que d'une connaissance transcendante, de la réalisation d'une unité au-delà de l'au-delà ou je ne sais quoi.
Dans cette pacification, la conscience, la conscience simple, quotidienne, joue un grand rôle, car elle accompagne secrètement toute chose, témoin de toutes les saillies des sens, des emportements, échauffements, etc... Tant qu'il n'y a pas pacification, la pratique de revenir à la conscience, ou à la respiration, ou à la pensée de Dieu, est une bonne chose.
Cette pacification, en tant que "moment" est une chute totale du "fait" de conscience, où les facultés de connaissance, cognition, perception cessent, et nous nous trouvons dans un espace sans forme de présence sans objet où toute dualité disparaît.
Mais comme tout, cette expérience est impermanente et ne peut se fixer: les sens reviennent, la conscience revient, mais avec la saveur de cette pacification. On perd donc cette expérience, et la conscience perçoit alors la "forme dans la forme", éprouve la qualité propre de l'apparaître du monde, du corps et de toute chose. Le monde de l'unité se résorbe aussi, tout reprend sa place (la conscience, le monde, etc...) sans retrouver la dualité: nous sommes alors dans une multiplicité apaisée, où la conscience "glisse" sans se fixer, nous nous éprouvons comme une île dans l'interdépendance, dans l'impermanence: jamais stables, jamais déstabilisés.
Un art sensoriel est néanmoins là: à n'importe quel moment nous pouvons retrouver la saveur de cette présence sans objet, et à n'importe quel moment nous pouvons réintégrer le flux du vivant, sans gain ni perte.
Le moment de la pacification est un moment où le Sujet demeure sans objet, et le retour au courant est un moment ou le sujet s'évapore au profit d'une Activité magistrale et en paix. L'unité réside dans la dualité, la dualité réside dans l'unité...»
Vous pouvez trouver dans la colonne de gauche les actualités du blog de Monko (Propos sur la non-dualité).