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"Ugly man" : un titre parmi tant d'autres, que j'aime particulièrement pour son équilibre entre le texte, la mélodie et les harmonies. J'ai d'ailleurs fait il y a longtemps un relevé de cette chanson, après vérification, il s'est avéré relativement exact! Alors, avis aux amateurs de beaux accords...
Who am I
To the rabble and the wise
Am I just a young and shallow face that years erase
Am I more than that
Oh do they wonder how can I
Bring the world beneath this guise
In the silence of my languished soul
Lies a truth unknown
Oh yes I am
I am just an ugly man
Alone
I work no day with self deception
All that I am
Is one common grain of sand
But the sun does rise for every man alive
And how my heart is clear cause I have from what I do
And I do just what I am
Oh no man is born a starless sky 'neath his naked hide
Lord yes I am
Maybe I'm a lucky man
Inside
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Le mensonge
Il y a des années, j'en suis arrivé à la certitude que personne n'est sain d'esprit. Nous sommes tous malades. C'est à qui sera le plus détraqué et ces propos s'appliquent aussi à nombre de soi-disant maîtres spirituels. Cependant, même malades, certains d'entre nous ont la possibilité d'avancer sur la voie ; d'autres pas, et l'appartenance à l'une ou l'autre catégorie n'a rien de personnel. Cette maladie tient essentiellement à une identification erronée. Non que nous soyons fonctionnellement abîmés, mais nous nous prenons pour ce que nous ne sommes pas. Chaque fois que nous disons « je t'aime » à notre amoureux ou amoureuse, nous ne savons pas de quoi nous parlons – à moins que nous soyons vraiment plus sensibles, aimants et compréhensifs que la plupart. En général, quand un homme dit à sa compagne : « Je t'aime », cela signifie : « Tout s'est assez bien passé aujourd'hui. Tu as fait exactement ce que je voulais que tu fasses et, au fait, tu as de beaux nichons. » Comme les femmes adorent s'entendre dire qu'elles sont aimées, la compagne en question répond : « Moi aussi je t'aime, chéri. » Ce qui signifie en fait : « Si tu ne me rends pas heureuse ce soir, je te botterai le cul demain. »
Nous avons tous tellement de projections, d'attentes par rapport à la vie... Les choses sont censées être comme ci et pas comme ça, elles doivent être comme nous voulons qu'elles soient, comme nous aimerions qu'elles soient ou espérons qu'elles seront un jour, ou encore comme nous nous souvenons qu'elles furent. Nous avons des projections quant à la nature de Dieu, de l'illumination, de la vérité ; les gens que nous connaissons, de même, d'ailleurs, que ceux que nous ne connaissons pas, sont comme ci, comme ça, devraient être comme ci ou comme ça... Nos projections et opinions diffèrent selon les parents que nous avons eus, notre éducation, le milieu dans lequel nous avons grandi.
C'est en fonction de nos préjugés plus ou moins subtils que nous regardons les autres ; nous les trouvons attirants ou antipathiques, nous avons envie de leur plaire, ou pas, et ce sont ces critères qui déterminent ce que nous pensons de tel ou tel : « Il a l'air très intelligent », ou : « Il a l'air stupide ». Tout ceci se fait inconsciemment. Nous nous forgeons une idée de quelqu'un en fonction de son apparence, de sa classe sociale. Donc, nous sommes pleins de projections, d'attentes, d'opinions... Et à la tombée du jour, au moment de mourir, tout cela n'a plus aucun sens et ne fait que renforcer l'illusion de la séparation.
Tant qu'il s'agit de regarder les autres, l'étendue et l'absurdité de leurs projections nous apparaît évidente. Nous voyons bien à quel point les problèmes d'autrui sont subjectifs et souvent artificiels. S'ils se détendaient, prenaient un peu de recul et voyaient les choses du bon côté, tout irait bien. Mais dès qu'il s'agit de nous, si quelqu'un nous dit : « Écoute, dé-tends toi ! », nous pensons : « Moi, ce n'est pas la même chose. Mes problèmes n'ont rien d'absurde, ils sont réels, importants. » Nous sommes identifiés à notre monde subjectif sans réaliser qu'il n'est pas plus réel ou important que celui de n'importe qui d'autre.
C'est à grande échelle que nos existences sont factices. Tout ce que nous faisons – tout, sans exception – est dicté par l'ego. Tous nos choix sont déterminés par l'ego. Le mieux que l'on puisse espérer d'une existence non consciente, c'est que les choix faits par l'ego soient relativement bienveillants ; que nous choisissions la bonté plutôt que la cruauté, de faire la paix et non la guerre ; de nous montrer généreux plutôt que crispés sur nos richesses ; et que nous puissions vivre une existence relativement détendue, saine et heureuse. Tant que c'est l'ego qui décide, il est impossible d'aller plus loin et de vivre une vie réelle. La conscience du monde endormi est aussi différente de la conscience éveillée que les êtres humains des cochons. Et je n'exagère pas. Groin groin.
Soit nous percevons le monde à travers un voile d'illusions, soit nous le voyons tel qu'il est. C'est tout ou rien, sans nuances. Si la Vérité peut s'exprimer très simplement, en quelques minutes, c'est une tout autre affaire que de l'incarner instant après instant. Dans les grandes lignes, il existe deux catégories d'êtres humains : la première, de loin majoritaire, se caractérise par un total égocentrisme. Si nous relevons de cette catégorie, nous voyons le monde entier en fonction de notre intérêt personnel : « Que vas-tu faire pour moi ? », « En quoi cela va-t-il me servir ? » La demande que nous adressons au monde est toujours la même : « Vas-tu me donner du plaisir, de l'argent, de la gloire, du pouvoir ? « Cette attitude ignore complètement la vérité de la non-séparation. L'autre manière de se situer, très rare – et dont on pourrait dire qu'elle est en fin de compte égoïste –, pourrait être formulée ainsi : « Plus je sers les autres, plus je me sers moi-même. Je vais servir, uniquement parce que c'est mon intérêt. » Là encore, on en revient à moi. Il n'y a qu'un seul Soi. Ce Soi, chacun d'entre nous l'est. Mais il importe que cette connaissance ne soit pas seulement un lieu commun philosophique.
La vie spirituelle consiste à déchirer les voiles de l'illusion afin que nous puissions voir les choses telles qu'elles sont alors qu'ordinairement nous ne percevons la réalité qu'à travers des couches très épaisses. Nous voyons les choses comme notre psychologie exige que nous les voyions afin d'alimenter la dynamique qui lui est propre. Peut-être voulons-nous la vérité ; il se peut même que cette aspiration à la vérité nous conduise à la chercher ou à trouver un maître ; mais le seul fait d'aspirer à la vérité ne nous rend pas capables de la percevoir telle qu'elle est. Si c'était aussi simple, nous n'aurions pas besoin de la vie spirituelle. Les pratiques et le maître seraient inutiles. Ce serait bien, non ?