vendredi 5 février 2016

La Bête Noire





bete noire


Février 2008

Suite à la lecture d'un texte/poème qui m'a beaucoup parlé (lire ici), j'ai cherché à travers la matière sonore à retrouver la mienne, de bête noire (ah, ben faut aller lire d'abord pour comprendre!), que j'ai quelque peu apprivoisée au fil des années, et qui, il faut le dire, commence à me rendre de menus services, comme m'empêcher définitivement de me "voiler la face" par exemple, si tant est que j'en ai jamais eu une...




Février 2016...

Voici le texte en question que je reporte ici, car son blog d'origine est ancien et inactif, ce qui fait qu'il pourrait bien disparaître un jour...


La Bête Noire, par Daisy Lusionnée


Elle est toujours là, tapie dans l'ombre prête à bondir. Il suffit que je relâche ma vigilance pour qu'elle attaque. C'est devenu une guerre des tranchées, sans aucun instant de trêve.

Lorsque je la perds de vue, c'est qu'elle est en embuscade.
Lorsqu'elle sourit, c'est pour dégager ses crocs pour mieux mordre.
Lorsqu'elle semble blessée, c'est pour adoucir les défenses pendant qu'elle mature ses perfides attaques.

Je la connais bien. Elle est le contraire de moi. Elle est jalouse de mes atours car elle est laide.
Elle est jalouse de mes amis parce qu'elle est seule.
Elle est jalouse de mes amants car elle est frustrée, elle qui se jette à la tête de tout homme valide et n'essuie que que des refus.
Elle est jalouse de moi car je suis tout ce qu'elle ne s'autorisera jamais à être.

Je l'ai longtemps combattue. Quand je croyais qu'elle capitulait, elle se réfugiait dans sa tanière pour préparer une nouvelle perfidie.
Telle une tarentule, elle restait tapie, tissant sa toile de complots et diffamations pour mieux me nuire.

Le combat m'a épuisée. J'ai dû capituler car la lutte sans merci avait fait de moi un monstre dans lequel je ne me reconnaissais pas.
J'ai douloureusement mis mon orgueil dans ma poche et j'ai quitté le champ de bataille. Aujourd'hui je soigne mes blessures.

J'ai perdu des êtres que je croyais mes amis. Mais quand les liens de cœur sont véritables, on n'abandonne pas celui qui est dans l'adversité.
J'ai gagné en lucidité sur la nature humaine.

Elle m'a séparée de mon soi-disant maître.
Cela m'a permis de trouver mon maître intérieur.

Je te remercie Bête Noire. Grâce à toi j'ai connu la douloureuse désillusion, si douloureuse que si tu ne m'y avais contrainte, je serais restée au chaud dans mon cocon, les yeux bandés et le cœur voilé.

Je te remercie Bête Noire. Grâce à toi j'ai vu celle que je ne voulais pas être.
J'abandonne la lutte, et te souhaite de ne jamais recevoir ce que tu m'as infligé.