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L'instant créatif, par Andrew Cohen
L’instant créatif
Les personnes vraiment créatives repoussent toujours plus loin les limites. Les musiciens talentueux qui semblent s’aventurer dans une improvisation spontanée disent souvent que dans cet état quelque chose s’impose à eux. Ils décrivent un certain espace d’où jaillit toute création authentique – un point mystérieux entre le présent et le futur, où passe un courant de fond. Cet espace vibre de la joie de l’inconnu, élan vers le risque, hors de la sécurité. C’est en ce point même que quelque chose surgit de rien.
Pour créer le nouveau, il est nécessaire de passer par le risque, de faire un saut au-delà du connu. Le frisson exaltant de ce saut créatif est une expérience humaine très impersonnelle. Artistes, écrivains, musiciens, scientifiques, inventeurs, athlètes et bien d’autres connaissent ce moment exaltant. C’est lorsque nous exprimons notre propre créativité, en repoussant les limites ordinaires – de la bonne façon et pour les bonnes raisons – que nous nous sentons le plus vivant, le plus libéré. La faculté de créer semble inhérente à la nature humaine. Le processus créatif est un processus d’évolution. Lorsque l’on sent s’éveiller en soi l’impulsion créatrice, celle-ci n’est en rien différente de l’impulsion originelle qui est devenue l’univers. Il ne s’agit pas moins que du Big Bang lui-même, opérant en nous et à travers nous. Voilà pourquoi l’élan créatif est toujours si exaltant et fébrile.
Seulement, c’est une chose de prendre le risque de sauter au-delà du connu dans les domaines de la musique, de l’art, de l’écriture – comme dans tout processus temporaire visant à créer quelque chose. Mais dans le contexte de l’évolution, il nous faut aspirer à une relation avec la vie elle-même qui soit constamment créatrice. Je ne parle pas seulement de créativité avec un pinceau ou un instrument de musique. Je parle de créativité avec notre âme même. C’est un enjeu bien plus grand. Il n’y a là aucune pause. On ne peut pas poser son instrument pour retourner à la vie ordinaire, tranquille et sécurisée. Vivre en créateur dans l’âme demande un lâcher-prise radical et une sorte d’investissement, de soin, que peu de personnes osent même envisager. Cela veut dire vivre perpétuellement sur le fil de la vie, à la pointe de son avancée – là ou la floraison de l’esprit en tant qu’évolution se produit à tout instant. C’est l’ultime créativité du soi lorsqu’il répond entièrement à toute la vie.
(source)
Cet article me touche vraiment, car à de nombreuses reprises, j'ai rencontré des artistes (surtout des musiciens) chez qui existait un décalage parfois immense entre leur qualité d'être au sein du processus créatif, et leur qualité d'être en dehors de leur art; cet état de fait m'a constamment interpellé et poussé à sans cesse remettre en question ma "personnalité" de musicien, mon "originalité" de créateur, mon statut "d'artiste" dans le monde etc...La première question était donc : ce que je joue est-il au service de mon ego, où sert-il un propos supérieur à l' individu que je crois être. Je travaille à présent assidument à ce que se soit la deuxième réponse qui prévale. (Ce qui n'a pas été le cas pendant longtemps!)
La deuxième question était : qu'en est-il de l'être que je suis en dehors du monde artistique. Là, ce fut plus simple, car hormis les toutes premières années, je ne me suis jamais vraiment identifié à "moi-artiste", et maintenant moins que jamais, ce qui ne me dispense pas de rester vigilant sur ce point, on ne sait jamais...
Quant au tout premier paragraphe de l'article, j'agrée à 100%.
1 commentaires :
C'est curieux ,cet article me parle de deux créations:
Il y a" créer" quand je prend contact avec ma source ponctuellement.
Il y a " se créer" quand le contact devient si fréquent
que la vie le porte comme une éclosion permanente.
Et cela me renvoie à l'expression " l'art de vivre " .
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