mercredi 16 novembre 2016

Esbjörn Svensson








«Esbjörn Svensson était un cas : un jazzman apparu dans les années 1990 et qui remplissait les grandes salles de spectacles pop, un pianiste dont le trio avait été le premier groupe européen à paraître en une du magazine Down Beat… Samedi dernier, le musicien suédois a trouvé la mort dans un accident de plongée sous-marine, âgé de 43 ans seulement.

Sa trajectoire était celle d'un jazzman de sa génération, ouvert à mille autres musiques. Mère pianiste classique amateur, père fou de jazz, adolescence pop. Il a 19 ans quand il voit pour la première fois Pat Metheny Group sur scène : « La première fois que j'ai vu des gens jouer du jazz avec des vraies lumières et un son excellent, comme pour un vrai spectacle. » Toute sa manière future tient dans ce choc fondateur. Esbjörn Svensson sera un musicien nourri à des sources variées mais cohérentes : Keith Jarrett et le post-rock de Tortoise, le jazz-rock américain dans son versant le plus accessible comme quelques roideurs du jazz nordique…

Avec le bassiste Dan Berglund et le batteur Magnus Orström, il crée un trio qui porte son nom. Improvisateurs attentifs à la mélodie, instrumentistes qui se méfient de la virtuosité, les trois membres d'EST ressemblent volontiers à ce moine des contes zen qui ne cherche rien et pourtant trouve. Ce qu'ils trouvent ? Une popularité unique dans leur génération, qui mêle M. Tout-le-Monde et les lecteurs les plus exigeants de Jazz Magazine, jeunes ravers et nostalgiques du premier âge du jazz nordique… Le trio venait de mettre le point final à l'album Leucocyte, douzième disque, qui devait sortir le 26 septembre sur le label allemand Act.» (Article paru sur le journal «Le Figaro» à la suite du décès accidentel du pianiste, en juin 2008)