jeudi 25 juin 2015

Jésus et la voie (Franklin Merrell-Wolff)




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« Personne ne vient au Père si ce n'est par Moi. » Ainsi parla Jésus. Mais plusieurs ont entendu, bien que peu aient compris, de sorte qu'ils ont cherché le Père à travers une croyance en un homme qui demeura peu longtemps sur terre. Mais aucun homme n'est « JE », puisque l'« homme » est un objet, alors que JE SUIS est toujours le sujet. Ainsi donc, traduire la citation en lui faisant dire « aucun homme ne vient au Père si ce n'est par Jésus », c'est en changer complètement le sens. Le Père est la Divinité, Dieu, Brahman, l'ultime Réalité Transcendante. Or, celle-ci est Conscience où le sujet et l'objet ne sont plus divisés mais forment ensemble une Mer unie de Conscience. La tendance générale de l'hu­manité est de chercher Dieu comme objet, c'est-à-dire que Dieu est adoré comme un objet qui est complète­ment autre que l'adorateur. Ce que Jésus voulait dire est que le succès ne peut être atteint par cette voie. Ce n'est que par le « JE » que le Père peut être atteint.
Alors que les facteurs à la fois subjectifs et objectifs sont fusionnés dans la Conscience Absolue, la qualité unitive est cependant manifestée dans le moment sub­jectif. Il n'y a qu'un seul « JE », un seul sujet. Encore une fois, c'est là le plus immédiat et le plus intime de tous les faits. Ainsi donc, ce n'est que par le « JE » que l'Identité est réalisée. Si l'on veut approcher Dieu de toute autre façon, il est quelque chose d'autre que le chercheur et, par conséquent, demeure séparé. Venir au Père, c'est être un avec Lui, et cela ne peut être réalisé que par le pur Sujet ou le SOI.


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Si l'on prend l'interprétation courante de cette cita­tion, il y a un conflit évident entre l'enseignement de Jésus et celui des autres Lumières spirituelles les plus importantes du monde. Mais si l'on emprunte l'inter­prétation qui est ici présentée, on arrive à une réconci­liation ou presque, non seulement avec les enseignements des autres grands fondateurs de reli­gions, mais aussi avec les paroles spontanées de presque toutes les âmes spirituellement éclairées. Cela s'accorde parfaitement avec le « JE SUIS ce que JE SUIS » de l'Ancien Testament. Le sens en est identique au message central du Bouddhisme et du Brahmanisme, où l'on trouve sa formulation la plus claire et la plus complète. Le « Christ » de Saint Paul est un Christ mystique et non une personne individuel­le. C'est un niveau de Conscience dont Jésus-Christ était pour lui le symbole. Ce niveau de Conscience est identique à la source d'où venait la parole de Jésus. Cette réconciliation entre tous ces êtres et ces courants spirituels peut être remarquée davantage en lisant les ouvrages de bon nombre d'êtres réalisés en Dieu, tels que Jacob Boehme, Spinoza, Whitman, Hegel, Rama Tirtha et Inayat Khan. Il n'est pas nécessaire ici d'éla­borer davantage.
Franklin Merrell-Wolff, Expérience et Philosophie.


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