L'ILLUSION DE LA VOIE (Par Monko)
Il ne saurait donc exister une voie, donc une histoire dans le temps, menant de l'identification à la non-identification car ce passage, qui au demeurant n'en est pas vraiment un, ne concerne justement pas le temps, l'espace, et quelqu'un qui vivrait dedans, et il ne s'agit pas non plus de passer d'un état à un autre qui seraient sur un même plan d'expérience. Ici il s'agit d'un passage subit de la restriction à l'absence de limites, de contours, de centre; un passage subit du non-être à l'être, du rêve à la réalité, d'une histoire qui semble se dérouler inéluctablement dans le temps à la verticalité, à l'impersonnel, à l'intemporel.
Aussi, toute voie de purification, de progression tend à purifier ce à quoi nous sommes identifiés, à bien nettoyer la prison, rendue ainsi plus agréable pour le prisonnier. Toute idée de progression ne tend qu'à l'évolution du mental de l'individu, à passer d'un état de confusion à un état de clarté, qui peut certes être plus agréable mais n'est toutefois toujours qu'une possession, conditionnelle et branlante. C'est la clarté de quelqu'un, qui s'échafaude sur une ignorance de base: l'idée d'un moi qui peut aller d'ici à là et progresser vers la lumière.
Source : Non Dualité
Voici le commentaire que j'ai laissé concernant l'article cité ci-dessus:
Je cite : "Ici il s'agit d'un passage subit de la restriction à l'absence de limites, de contours, de centre".
Une pratique spirituelle, à mon sens, n'a pas pour but d'obtenir que se produise ce "passage", mais de préparer la personne pour le cas où, par l'intervention de la Divine Grâce, ce passage se produirait. Tout de même, Ramana Maharshi a bien failli y laisser sa jeune peau d'adolescent; plus près de nous, c'est presque un miracle qu'Eckhart Tolle ne se soit pas retrouvé dans un hôpital psychiatrique. Et puisque nous en parlons, ma courte expérience de soignant en HP m'a fait rencontrer une personne qui, vu rétrospectivement, a de toute évidence vécu un état d'éveil soudain qui a littéralement détruit sa structure mentale trop faible pour contenir une telle énergie. Elle s'est donc retrouvée hospitalisée, et sa vitalité ne s'exprimant qu'au travers des pires bêtises, restant insensible à des traitements qui auraient réduit tout individu normal à l'état de légume, c'est une "cure de sommeil" (perfusion de très fortes doses de calmants pendant plusieurs jours) qui a eu finalement raison de cet "éveil" sauvage.
Donc, "Il n'y a rien à atteindre", on peut dire ça comme ça, mais notre pratique spirituelle, quelle qu'elle soit, reste notre bien le plus précieux.
Pour ceux qui lisent l'anglais, deux liens vers des articles fort instructifs :
Une critique du courant "Neo Advaïta".
Un dialogue satirique et imaginaire mettant en scène quelques instructeurs bien connus.
7 commentaires :
"il n'y a rien à atteindre"
Puisque "tout est là "
Mais il y a une manière de le toucher en nous qui le révèle
comme possible.
Voilà pourquoi je rejoins ta conclusion.."notre pratique spirituelle, quelle qu'elle soit, reste notre bien le plus précieux."
Ceci par le fait même qu'elle nous conduit à sentir combien rien ne nous appartient, pas même la voie que nous croyons avoir choisie.
Je voudrai rajouter qu'il faut être prudent avec le terme " pratique spirituelle" car le mental est avide de "savoir " or ici il est plutôt question de " senti".
Un peu comme une porte ouverte qu'il suffit de voir et dont on s'obstine pourtant souvent à chercher la clef.
Aucune pratique dans le sens de methode ne nous fera "voir "
par contre la "pratique "de nous même nous conduira à ouvrir les yeux.
Lire la réponse de Monko.
La "pratique spirituelle" ne peut être autre qu'une "pratique" de nous-même. Lorsque notre vie entière se confond avec la pratique, là, on peut dire qu'il n'y a plus de pratique. Et cela est du domaine du ressenti, de l'intuition, et non du mental.
Dans la réponse de Monko, ces mots vibrent en moi :
"Et je dirais qu'une fois que tu t'es dépouillé de cette histoire d'avoir un bien précieux nommé pratique (et donc pratique spéciale), une fois que tu es devenu vraiment pauvre, alors tout est pratique, tout est invitation, la grâce est constante. Mais bien sûr, beaucoup d'entre nous en passent par la croyance en les vertus d'une pratique, jusqu'à ce que cela s'effondre, sur place, abruptement, et aucune pratique ne prépare quiconque à son (la pratique et le pratiquant) propre effondrement..."
Tant qu'on se "prépare" à être on n'Est pas..mais "Etre" suppose que l'on soit prêt..tel est selon moi le paradoxe.
Et ce paradoxe résume bien le mystère de notre humanité; quand Monko écrit "tout est pratique", il rejoint ce qui pour moi est l'essence même de ce que j'appelle pratique spirituelle. Peut-être faut-il employer d'autres expressions : vivre consciemment le quotidien, vivre consciemment le moment présent...
Je pense, en effet, que c'est la préparation qui importe, le reste est un don gratuit et non obligatoire. bises.
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