Du latin intro (dedans, en, à l'intérieur) et capere (prendre): prendre en dedans, à l'intérieur.
Terme inventé par Franklin Merrell-Wolff (Expérience et philosophie, tome I)
Désigne un processus ou un mode de connaissance qui pénètre en profondeur par la fonction affective (perception intuitive).
Introception
Dans l'effort d'exprimer les Valeurs qui prennent leur source dans le Monde Transcendant, on rencontre une sérieuse difficulté à cause d'une insuffisance de mots ayant un sens approprié. Ce qui a pour conséquence particulière que très souvent, l'auteur ou l'orateur affirme de l'ineffabilité dans un sens plus élargi qu'il n'est nécessairement le cas. Le Transcendant en tant que tel est inexprimable dans le monde relatif, mais il y a un domaine intermédiaire — entre le Transcendant propre et la conscience dualiste plus restreinte —, où une expression partielle est possible. S'il n'en était pas ainsi, il serait complètement inutile d'écrire ou de dire quoi que ce soit sur ces sujets. Mais lorsque nous arrivons à la question de savoir jusqu'où il est possible d'exprimer, il n'y a pas de réponse définie. Le problème paraît très semblable à l'évaluation d'un nombre irrationnel en termes de nombres rationnels. En ce domaine, nous savons qu'une parfaite évaluation est une impossibilité théorique ou absolue, mais en même temps l'évaluation peut approcher la perfection sans limite. Dans la pratique actuelle, le mathématicien avance dans cette évaluation aussi loin que cela a du sens pour ses besoins et il s'arrête là. Quant à l'expression des Valeurs supérieures, il n'y a pas non plus de limite théorique au processus d'approximation.
L'absence d'outils conceptuels ou la limite de la capacité intellectuelle d'un individu donné, déterminent les limites pour lui, mais ne définissent pas par ailleurs les limites de la possibilité pour d'autres. Tout cela est une question de talent et d'outillage relatifs. Les approximations supérieures sont, bien entendu, très difficiles à effectuer et de moins en moins faciles à comprendre, à mesure qu'elles avancent dans l'inconnu. Pourtant, l'approximation progressive libère un pouvoir toujours grandissant dont la capacité d'inclure augmente simultanément. Par conséquent, ce genre de travail est important pour l'humanité dans son ensemble, même si ceux qui en bénéficient directement sont nécessairement d'un nombre plutôt restreint.
Pour exprimer le Transcendant, le sanskrit est sans aucun doute le meilleur des véhicules relativement connus, car dans cette langue il existe plusieurs mots ayant un sens métaphysique, pour lesquels il ne se trouve pas d'équivalents dans les langues occidentales. Mais en dehors d'un groupe limité de savants spécialisés, un usage étendu du sanskrit n'est pas pratique. Quelques mots sanskrits peuvent être inclus avec une explication adéquate, et c'est tout. Celui qui se confine à la portion la plus commune de la langue anglaise est restreint à l'anglo-saxon et à des dérivés du latin et du grec. Sans l'aide de ces dérivés, l'écrivain serait à peine cohérent, dès qu'il dépasserait les niveaux les plus simples de la pensée. Et même avec ces trois ressources, on ne peut éviter de forcer en quelque sorte le sens des mots. Une bonne partie de l'expression actuelle que l'on trouve dans les différents écrits, implique un usage de mots fort négligent, ce qui résulte souvent en une confusion qui n'est pas nécessaire. Je crois en effet que cette confusion devrait être évitée partout où c'est possible. Une partie de cette confusion naît d'un usage des mots qui n'est ni en accord avec leur sens étymologique ni avec la définition courante du dictionnaire. On peut souvent s'en garder en sélectionnant avec soin les mots et les combinaisons verbales, et là où cela est impossible, en faisant un effort pour définir le nouvel usage d'un terme donné. Parfois, des mots nouveaux peuvent être créés en accord avec les règles établies de la construction des mots. Ce n'est pas une bonne pratique d'utiliser cette possibilité si des mots-outils existent déjà, mais là où cela éclaire vraiment le sens, il semblerait que cette pratique soit irréprochable.
J'ai inventé un nouveau mot qui semble remplir un besoin. C'est un substantif, « introception », avec la forme verbale « introcevoir ». Ce mot est formé de intro qui signifie « dedans », « en » ou « à l'intérieur », et capere signifiant « prendre ». Il a donc comme sens premier de « prendre en dedans ou à l'intérieur ». Le sens principal pour lequel ce mot me paraît utile est le suivant : « Le processus ou le mode de connaissance qui pénètre en profondeur par la fonction affective ». Par conséquent, c'est une forme d'intuition suscitée par la musique, la poésie et les beaux-arts en général. Les mots « compréhension » et « perception » ont parfois été étendus dans leur signification de façon à embrasser ce sens. Mais un tel usage n'est pas conforme au sens habituel de ces mots. « Compréhension » est proprement relié à la cognition, alors que « perception » est enraciné dans la sensation. Une idée ou un concept peuvent être compris. Une donnée sensorielle, subtile ou grossière, peut produire une perception. Mais la qualité de conscience associée aux affections est quelque chose de tout à fait différent.
En principe, la pénétration intérieure est possible à travers l'un ou l'autre de ces trois modes de conscience, ou à travers leurs combinaisons variées. Mais en pratique, la perception en tant que complexe de sensation — non d'intuition — est rarement un chemin vers la pénétration intérieure. Ainsi, en général, l'homme y entre par la connaissance, l'introception ou la perception intuitive. Ou il entrera plutôt par l'une ou l'autre de celles-ci comme mode prédominant de sa conscience. Chez la plupart des individus qui atteignent la cour extérieure de la Voie, l'introception ou la perception intuitive est plus développée que la connaissance. C'est pourquoi, celui qui voudrait influencer directement le plus grand nombre de gens, devrait s'adresser surtout à la conscience introceptive ou intuitivement perceptive. En revanche, ceux qui ont développé considérablement leur pouvoir auront probablement une compréhension exceptionnelle, du moins dans certains domaines. Ainsi, celui qui voudrait exercer une influence avec ce dernier groupe, devra faire appel en grande partie à la compréhension.
NOTE : Avec le temps, j'ai élargi le sens d'introception de façon à désigner une troisième fonction de conscience que je définis ainsi : « La puissance par laquelle la lumière de la Conscience se retourne pour aller vers sa Source. »
Spiritualité à enraciner
Il y a 5 heures
2 commentaires :
Je sens d'ici le parfum délicat des pivoines (mon autre fleur favorite si éphémère)...instant de grâce introspectif! :)
L'introception....!! à Sentir profondement....
Merci pour ces photos magnifiques qui "parlent" au delà des mots et cette illustration qui se donne à "sentir"....<3 <3
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