Le Grand Départ, par Betty.
Je me suis allongée sur mon lit.
Mes yeux voyaient l’agonie de mon rêve,
mes sens ne répondaient plus à mes croyances;
je n’arrivais pas à me situer dans l’espace-temps.
Je me suis allongée sur mon lit.
Le corps réclamait une pause,
et j’ai accueilli ses besoins; il est un organisme vivant.
J’étais témoin des rythmes et des besoins de ce corps.
Des siècles durant, je m’étais trompée sur le monde.
Maintenant, je constatais que j’étais ce que je voyais,
uniquement.
J’accueillais affectueusement cette bourde :
j’avais expérimenté dans le rêve
La pierre
La guerre
La prêtrise
La traîtrise
La mère
La sorcière.
J'ai marché contre les vents
J'ai affronté l'océan déchainé
J'ai brûlé vive sur le bûcher
J'ai étouffé de misère
J'ai joué à croire au corps; j'ai joui et j'ai servi
J'ai prié si fort que je me suis inventée une âme
J'ai voulu et combattu des mirages et des naufrages
J'ai fondé des églises et je les ai détruites
J’étais allongée sur le lit
Les images se dessinaient devant mes yeux
Des plaquette de verres habitées s'animaient
Les règnes animal, végétal et minéral défilaient;
Des personnages de tous les temps me regardaient
et livraient des résidus de vies passées.
La grande mémoire me quittait.
L’humanité au grand complet faisait sa révérence.
Mais où était l’image que les yeux captaient?
Je ne savais plus...
Était-elle devant moi? Derrière moi?
Qu’est-ce qu’elle était?
Je n’arrivais pas à identifier la forme ni à la situer.
Je me suis retournée, j’ai regardé et j’ai constaté :
l’espace et le temps ne sont pas divisés en niveaux;
le haut, le bas, le devant, l'arrière,
le présent, le passé, le futur
n’existent pas.
Je vois et je suis instantanément ce que je vois,
sans délai.
La Vie prend le relais.
Les sens du corps basculent dans leur état naturel.
La Vie se livre toute nue dans une Beauté sublime.
Moi, je voulais l’habiller de mes haillons.
J’étais allongée sur le lit.
J’ai entendu frapper à la porte.
Je me suis levée et j’ai ouvert: personne.
Je me suis recouchée. Ça a frappé de nouveau : rien.
J’étais seule dans mon monde!
Le son revenait et me soulevait.
Mais d’où venait le son?
Je n’arrivais pas à le localiser.
Ça frappait à l’intérieur de moi, avec douceur et force à la fois.
Le son ne sera plus jamais localisé à l'extérieur.
Les sens du corps avaient basculé dans leur état naturel.
L’état naturel est paisible, calme et accueillant.
L’Amour apparaît; il est le mouvement de la Vie.
Je suis le Mouvement, je suis l’Amour infini.
Le corps était allongé sur le lit.
Le rêve de Betty était aspiré sous ses yeux;
la grande mutation commençait.
Les peaux se détachaient et tombaient dans ce monde inventé.
Le phénix ne renaîtrait pas de ses cendres
La roue de la naissance et de la mort du rêve était arrêtée.
Je ne voyais plus la vie de Betty s’animer sous mes yeux.
La Vie soulevait le rêve, l’aspirait et le dissolvait.
La Vie dansait joyeusement dans le corps allongé sur le lit.
Les sens du corps ont basculé dans leur état naturel.
Je m’étais allongée sur le lit,
Libre, Amoureuse, disponible
pour le retour à la Source.
Profonde gratitude
Betty
Le Grand Départ (Chronophonix, décembre 2010)
3 commentaires :
Et dans ce départ là
L'arrivée n'y est pas
Elle est restée là bas
Je me suis juste assis
Sur les ailes de la vie.
Les ailes de la vie
ne sont elles pas ici,
là-bas, de partout...?
ce "grand départ" n'aboutit ni à un trajet horizontal, ni même vertical, mais centripète : dans toutes les directions à la fois; du fini, on passe à l'infini avec le zéro comme point d'inflexion.
Oui c'est pourquoi l'arrivée n'y est pas..elle ne peut être dans cette dimension.
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