mardi 18 mars 2014

Swami Rudrananda : De la difficulté d'une mort réussie





fragon

Dans son livre "14 years with my teacher", l'auteur John Mann cite son instructeur spirituel Swami Rudrananda (alias Rudi) :

«Lorsque je porte un regard sur ma vie passée, je vois une longue file de cadavres alignés derrière moi. Ce sont tous des aspects différents de moi-même dont je me suis défait. Je n'ai jamais trouvé agréable de mourir. Mais maintenant je reconnais les symptômes et je sais comment réagir. Lorsque je sens un grand manque, comme si la marée se retirait, pour ne jamais revenir, je commence à suspecter le début du processus. Tout ce qui semblait riche de sens est vide. Les objectifs que j'avais semblent futiles. Les relations les plus proches ne signifient plus rien. Je me sens entouré d'un brouillard infini. Des voix m'appellent. Des tentations semblent attirer mon énergie juste au moment où j'en ai le plus besoin. Une personne est très vulnérable dans ces moments là.

Le plus important est qu'elle aille jusqu'au bout du processus, et que d'autres autour d'elle comprennent ce qui se passe afin de pouvoir la soutenir. Malheureusement, cela arrive rarement.

Vous devez comprendre le subtil dilemme qu'implique l'appréciation de la difficulté d'une mort réussie. Tout d'abord, la personne elle-même soit s'effraie de sa condition, soit cesse de s'intéresser à quoi que ce soit. Ensuite, les plus proches seront soit anxieux de son état, soit se sentiront rejetés et la rejetteront à leur tour. C'est très malheureux. Une personne a besoin d'être aidée dans sa mort intérieure avec de la compréhension et de l'amour. Toute son énergie est absorbée par ce processus interne. Elle ne peut communiquer. A moins que cela ne soit compris et accepté, ceux qui l'entourent ne peuvent pas répondre de façon appropriée.

Le résultat est que les chances de réussir sa mort sont très faibles. Généralement, le processus avorte. Alors la personne se sent mieux. Les autres se sentent mieux. Personne ne se rend compte que les fruits du travail interne sont perdus à jamais. C'est vraiment tragique.

Le travail spirituel ne peut être effectué que par des personnes en bonne santé. Un tel développement naturel est un accomplissement relativement rare, bien qu'il n'ait rien à voir avec le développement spirituel. Mais lorsqu'il se produit, alors il devient sensé de travailler à la renaissance, c'est à dire, la conception et le développement d'un niveau d'être entièrement neuf.

La conception a lieu dans les semences de votre potentiel. La fertilisation ne peut se faire que par une énergie supérieure. Cela arrive plus souvent que vous ne croyez. J'ai eu des étudiants qui partaient après avoir travaillé seulement une semaine et qui me contactaient neuf mois plus tard pour me dire qu'ils se sentaient vraiment très bizarres. Je ne peux pas leur dire qu'il ont été "engrossés" spirituellement, mais c'est ce qui c'est passé. La puissance du premier contact a fertilisé quelque chose en eux. C'est très proche de ce qui se passe physiquement. Neuf mois plus tard il ne peuvent s'empêcher de sentir les effets, bien qu'ils n'aient pas travaillé du tout pendant ce temps. Si je le leur disais, malgré tout, soit ils ne me croiraient pas ou cela les ferait se sentir mal. Alors je leur dis seulement de ne pas s'en faire, que les sensations partiront dans quelques jours. Et c'est ce qui se passe. Un avortement psychique a lieu. Et la personne ne saura jamais ce qu'elle vient de perdre.

Mais si vous êtes correctement préparé, vous pouvez créer votre propre climat interne pour le développement de la semence qui a été fertilisée. C'est le but de notre travail. Un niveau d'être supérieur nécessite une énergie supérieure pour nourriture. En activant votre "système digestif" psychique vous faites la chose essentielle, créer l'aliment pour l'embryon spirituel en vous.

Je ne suis pas fantaisiste, c'est un processus bien réel qui prend longtemps. C'est pourquoi personne ne devrait commencer ce travail à moins de pouvoir s'engager à faire des efforts sur une longue durée.

Si les conditions sont justes et que l'embryon interne est créé à l'intérieur de l'adulte physique, il passe à travers les différents stades de maturation comme un enfant normal. Pendant toute cette période notre moi ordinaire doit avoir le rôle du parent. Au-delà de la responsabilité que cela implique, le processus est compliqué par le fait que l'enfant qui grandit est à un autre niveau d'être que l'adulte qui s'occupe de lui. L'adulte doit servir l'enfant comme un intendant, comme il est suggéré dans le Nouveau Testament. A plusieurs reprises l'intendant doit prendre des décisions jusqu'à ce que le maître revienne. Où est le maître ? Dans un sens, caché et enfoui dans les profondeurs de l'inconscient créatif. Dans un autre sens, quelque part ailleurs dans le cosmos. Mais au sens présent, il n'est pas encore là parce qu'il est encore occupé à grandir. Il est à notre merci jusqu'à ce qu'il arrive à maturité et prenne possession de son héritage.

C'est une tâche éprouvante que nous entreprenons en faisant l'expérience de la renaissance. Nous ne comprenons jamais vraiment qui renaît et à quel prix, jusqu'à ce que cela commence à se produire. Tels que nous sommes, nous ne pouvons renaître. Nos personnalités sont l'enveloppe d'où la semence se libère. Si nous sommes attachés à l'enveloppe, la souffrance impliquée est encore plus intense et nous combattons la renaissance plus que nous ne l'aidons. Il nous semblera qu'un corps étranger absorbe notre conscience. C'est extrêmement menaçant si vous avez l'illusion de savoir qui vous êtes. Mais aucun d'entre vous ne sait seulement qui il était. La seule véritable opportunité que vous avez de croître est le fait que vous ne pouvez pas savoir qui vous serez. Lorsque vous ressentez cela aussi clairement que le goût d'un citron mûr, alors vous serez prêts à capituler dans le bon sens. D'un point de vue c'est une grande menace et d'un autre une grande aventure. Personne n'a le droit de demander ou de s'attendre à ce qu'un autre être humain entreprenne une telle transformation pour des motifs extérieurs, y compris la préservation d'une relation existante. Cela ne justifie pas l'abandon des responsabilités, mais ces responsabilités ne peuvent pas former les fondations sur lesquelles l'effort interne se construit.

Un cours d'eau lent est facilement pollué. Un cours d'eau rapide, avec un lit plus large, balaie tout ce qui y rentre presque instantanément. Dans l'être humain, il s'agit plutôt d'un courant de feu. Au début, il est facile à éteindre. Mais comme le courant s'élargit et que la température monte, il brûle tout ce qu'il touche. A la fin, même le métal sera évaporé. Alors nulle protection ne sera nécessaire pour les situations que nous attirerons. Ce sont les autres qui devront se protéger de nous. Ils se tiendront instinctivement à l'écart de la fournaise, à moins qu'ils ne soient attirés par l'énergie qu'elle contient.

Il est bon que notre culture soit devenue plus ouverte à des expériences qu'elle aurait niées ou condamnées sans les comprendre il y a dix ans. Mais l'expérience en soi ne peut pas être le motif. Le plaisir entretient l'esclavage. Il ne l'efface pas. Nous ne sommes pas différents du rat dans un labyrinthe à cet égard. C'est la capacité à accepter la douleur, à persévérer malgré les résultats, et non à cause d'eux, qui est nécessaire à la réalisation de quelque chose de permanent. Nous devons évoluer avec la conscience grandissante d'un but que d'autres ne voient pas ou trouvent insensé. Et l'accomplissement sera notre propre destruction partielle afin que quelqu'un bien plus grand que ce que nous sommes aujourd'hui puisse apparaître.

Quelque soit ce que vous désirez accomplir, quelque soit la direction vers laquelle vous voulez vous diriger, vous aurez besoin de vous renforcer intérieurement. Sinon, même si vous y arrivez, ce sera un être déformé et amoindri qui recevra la récompense. Il ne saura pas quoi faire avec et son succès sera vain. Ce travail peut vous renforcer et compléter votre développement intérieur. C'est la première phase principale dans laquelle nous sommes engagés. C'est un grand effort, et la plupart des gens se font des illusions en pensant que ce n'est pas nécessaire.»






1 commentaires :

Ian Alexander a dit…

Incroyable ! Un français qui connaît Rudi.