vendredi 28 août 2020

L'Art d'Être Conscient n°6 : Swami Prajnanpad








Extraits de la page Facebook «L'Art d'Être Conscient»








« - Vous avez dit : «c’est un beau jardin».
Avez-vous vu le jardin ? L’avez-vous vu ?
- Non, non, je n’ai vu que l’image.
- Vous pensez que vous voyez, mais vous ne voyez pas.
Vous pensez que vous voyez. Quand Swamiji demande : «Qu'est-ce que c'est ?», vous dites «C'est un beau jardin.» Quelle est la signification de ceci ? Essayez d'en voir le sens. Dès que vos yeux se tournent de ce côté là, vous voyez un beau jardin. Ce qui signifie qu'immédiatement, vous allez vers une image qui vous apparait belle. Vous avez l'image de quelque chose de beau. Et vous juxtaposez cette image avec cela. Aussi, quand vous dites que vous le voyez, vous ne le voyez pas. Vos yeux sont tournés vers le jardin. Vous voyez - ou plutôt vous croyez voir - une belle image. Vous ne voyez pas le jardin.» 
(Sumangal Prakash, l'expérience de l'unité)

Ce qui empêche de «voir», c'est lorsque l'image mentale apparait, s'installe et se substitue à la vision, se faisant passer pour du réel; si ce processus n'est pas mis en lumière, il n'y a pas de vision, il n'y a que la pensée de vision : «vous pensez que vous voyez»

«Lorsque nous sommes capables de voir au-delà de la représentation holographique interne créée par le cerveau, lorsque la machine* devient pour nous transparente, nous pouvons alors observer le monde directement et dans ses moindres détails.» (E.J.Gold)

*Pour E.J.Gold, la "machine biologique humaine" désigne le corps, avec ses appareils mental, émotionnel et moteur.






mercredi 19 août 2020

E.J.Gold : Le livre des morts contemporains





A découvrir, ce livre d'E.J.Gold, dont je propose ici un court extrait, les quatre premières "lectures".




LECTURE N° 1 — Les Symptômes

Dans l'attente de passer par la transition, je m'efforce de me libé­rer de l'esprit, des habitudes et de l'identité du primate humain, me souvenant de moi-même comme d'un voyageur, me séparant de l'iden­tification avec le primate humain à l'intérieur duquel j'ai voyagé durant son existence.
En tant que voyageur, je me libère de la faible emprise de la conscience primate humaine; je sens que je retourne à mon état originel, vide parfait rayonnant, lumière infinie de l'expansion infinie; sans passé, présent ou futur; toutes mes expériences se dissolvent dans la profonde et rayonnante vacuité éternelle du vide, me libérant de l'identité et de l'environnement du primate humain. Je vais énumérer les symptômes de la transition:

1. La terre sombre dans l'eau. Une sensation profonde, incessante, de pression lentement croissante, l'impression d'être inexorablement entraîné au fond d'une mare de mercure ou de plomb, de fondre dans la terre.


2. L'eau sombre dans le feu. Une sensation de froid humide comme si j'étais subitement plongé dans de l'eau glacée —cela commence par un tremblement irrépressible, qui se perd graduellement dans une atmosphère oppressante et immobile, brûlante et irrespirable.


3. Le feu sombre dans l'air. L'impression d'être sur le point d'ex­ploser; débouchant sur une sensation de dispersion totale de mon être.


4. L'air dans la Claire Lumière. Le sentiment d'être totalement en paix, entièrement seul, totalement hors de l'espace et du temps, libre de toute nécessité; le sentiment soudain, puissant et saisissant, d'un savoir profond et ironique balaye mon être, mais ce savoir immense et considé­rable, omniscient et profond, ne semble se référer à rien de particulier.




LECTURE N° 2

Maintenant j'entre dans la transition, et je dois me séparer de toutes les accumulations matérielles et réussites ordinaires de mon séjour primate humain; je me prépare maintenant à me libérer de mes amis, ma famille, ma maison et mon environnement primate humain; je ne peux les emmener avec moi dans la Claire Lumière.

Je me prépare à survivre à la transition, car je suis un voyageur et non un primate humain; ni allant ni venant, j'ai toujours demeuré dans l'ici et maintenant, même si c'était avec des morphologies diffé­rentes. A présent mes yeux vont s'ouvrir, et je verrai qu'en réalité c'est toujours la même chambre, toujours le même jour.
Pendant la transition, j'aurai peut-être des expériences troublantes, mais ces visions n'auront aucun pouvoir sur moi si je les reconnais rapidement pour ce qu'elles sont : les principaux composants de la conscience qui se fragmente en formes élémentaires.


Je ne résiste pas à ces perceptions, ces sensations et ces cognitions à mesure qu'elles naissent en moi; toute expérience, qu'elle soit appa­remment réelle ou irréelle, est encore une partie du rêve, et aussi long­temps que j'ai l'impression d'avoir des expériences et de percevoir des changements, je suis encore dans le rêve.




LECTURE N° 3

Je suis un voyageur dont la nature est en réalité la Claire et Lumi­neuse Lumière, la vacuité infinie du vide; je demeure dans la Claire Lumière, mon état originel silencieux et immobile; j'y prends place en tant que vide rayonnant éternel. Je me souviens des efforts que j'ai faits durant ma vie primate humaine pour exercer l'attention et la présence spéciales du voyageur; je ne cherche pas la Claire Lumière devant ou derrière moi; elle n'y sera pas, car je suis la Claire Lumière elle-même; la Claire Lumière est ma nature.

Je ne permets pas à mon attention de s'égarer en rêves même pour un instant; me souvenant de moi-même comme d'un voyageur, me séparant des vestiges tenaces de la vie primate humaine, je me tiens en équilibre entre deux mondes, comme si je chevauchais une vague de l'océan. Que je vienne à perdre mon équilibre un instant, et je sombre­rai dans un furieux maelström, instantanément vaincu par l'immense puissance de l'eau. A présent je me reconnais comme la Claire Lumière rayonnante; en équilibre aisé dans cet état éternel, je ne peux pas être entraîné dans les dimensions inférieures du phénomène, de l'illusion du monde et de l'habitude organique.




LECTURE N° 4 — Confrontation à la Claire Lumière

Maintenant j'éprouve la Claire Lumière de la réalité objective. Rien n 'arrive, rien n'est jamais arrivé et n'arrivera jamais. Le voya­geur, mon être actuel, est en réalité le vide lui-même, dépourvu de qualités ou de caractéristiques.
Je me souviens que je suis un voya­geur, dont la nature profonde est la Claire Lumière elle-même; je suis un; il n'y a personne d'autre. Je suis la vacuité du vide, l'éter­nel non né, l'incréé, ni réel ni irréel. Tout ce dont j'ai jamais eu conscience était le jeu de ma propre conscience, une danse de lumière, des tourbillons de lumière dans l'expansion infinie, l'infinitude infinie, l'Absolu au-delà du changement, de l'existence, de la réalité.

Moi, le voyageur, je suis inséparable de la Claire Lumière; je ne peux ni naître, ni mourir, ni exister, ni changer. Je sais à présent qu'il s'agit de ma vrai nature.






vendredi 7 août 2020

Crucifixus (Georges Crumb)









Crucifixus, extrait de Makrokosmos de Georges Crumb



Georges Crumb : Makrokosmos











George Crumb, né en 1929, a déroulé tout au long du XXe siècle une musique originale, puisant pourtant à de multiples sources : Cage, Webern (son ascétisme, sa concision), Debussy, les traditions orientales (Inde et Extrême Orient) et populaires en général. Sa recherche, portant sur les instruments, les timbres, les techniques d'exécution, les effets vocaux et instrumentaux particuliers, coïncide avec une dimension spirituelle d'aspiration rituelle et mystique, une indépendance de la pensée alliée à une grande sensibilité poétique. Dès 1962, avec les Cinq Pièces pour piano, le style de George Crumb atteint sa pleine maturité. Dix ans plus tard avec Makrokosmos - création inspirée des 24 Préludes de Debussy, des Mikrokosmos de Bartók et du schéma zodiacal -, il entrelace les performances physiques du pianiste - qui doit chanter, parler, psalmodier, siffler, grogner -, la préparation, l'amplification du piano et les références (implicites ou citations) à la tradition classique. La mise en jeu du corps de l'interprète-officiant contribue à créer un effet de présence musicale perceptible dans l'audition elle-même.







« Le titre et le format de mon Makrokosmos - explique George Crumb - reflètent mon admiration pour deux grands compositeurs du XXème siècle - Béla Bartòk et Claude Debussy. J'ai pensé, évidemment, au Mikrokosmos de Bartòk et aux 24 Préludes de Debussy. Toutefois, ce ne sont que des associations purement externes, et je suppose que l'impulsion spirituelle de ma musique est plus apparentée au côté plus sombre de Chopin, ou même à l'imagination enfantine du jeune Schumann. »



Un court extrait de Makrokosmos, avec la partition correspondante.(Pour ceux qui voudraient suivre la musique écrite tout en écoutant, il faut juste agrandir l'image...)