Voir ce qui est, OK, mais Qui voit ?
Nous utilisons ici le verbe "voir" dans le sens de percevoir directement, non-conceptuellement. Dans ce sens là , il s'oppose donc au fait de penser. En d'autres termes, voir et penser sont deux processus s'excluant mutuellement en un même instant.
Voir, c'est être conscient à chaque instant de tout ce qui apparait; c'est un processus dynamique, en constante évolution, puisque tout ce qui apparait change en permanence.
Ce processus est fluide, paisible, intemporel, sans "avant" ni après", ni même "maintenant", car la pensée "maintenant" n'y a pas d'utilité particulière. Ce processus EST, c'est encore le mieux qui puisse en être dit.
Alors, comment traiter la question "Qui voit ?"
Dans le cours normal de la vie vécue en mode "voir", la question ne se pose jamais, et si par hasard elle se présente, elle est si dépourvue de pertinence qu'elle disparait aussitôt.
Mais admettons que nous cherchions tout de même une réponse. S'il existe une entité au sein de laquelle se déroule la vision, cette entité elle-même change en permanence, puisque chaque changement dans ce qui est vu affecte en conséquence l'entité qui voit. Le "qui" de la question "qui voit?" n'est déjà plus le même au moment de l'éventuelle réponse, le simple fait d'avoir posé la question ayant déjà modifié subtilement ce "qui". Cette entité qui change sans cesse, supposée voir "ce qui est" qui change également sans cesse, fait elle même partie de "ce qui est"; le "voyant" et "ce qui est vu" sont un seul et même évènement : la vision. Il n'y a que vision, ou encore, on dira qu'il y a identité entre ce qui voit, ce qui est vu, et le fait de voir.
En ce cas, la question, elle même incluse dans "ce qui est", rejoint le courant et s'y abîme corps et bien !