vendredi 6 juillet 2012

Genèse 76





Ah, je savais bien qu'on y arriverait, il fallait seulement avoir la patience d'attendre que les évènements cristallisent en une structure poudreuse qui s'échappe indéfiniment, laissant le regard rougi libre de hurler ses mensonges divins.

C'est alors seulement que la lumière peut éclater dans la chambre verte de l'attente sans issue pour parsemer les murs hermétiques de modestes constellations d'inertie qui formeront dans les années à venir autant de familles artificielles destinées à peupler l'actuel désert d'ombre compris entre la pierre et la couleur du sang.


Du néant a surgi une vibration de vie et une odeur de mort reconnaissable à son parfum hydrocarboné, et les Dieux de l'ultrasensibilité ont frémi sans se plaindre, persuadés que leur heure était enfin arrivée.

Le ciel de leurs pensées s'est couvert des nuages menaçants de l'amertume et ils se sont repliés sur eux-mêmes, se tassant si bien les uns contre les autres qu'ils ont fini par former un bloc compact et indestructible suspendu par ses amarres maléfiques au grand anneau de la chaîne de l'univers.


Balancés dans tous les sens, secoués par le tremblement démentiel qui s'était emparé de leur enfer perdu, ils subirent une mutation psychogénétique pour aboutir, par concentrations successives, à l'ultime et première cellule vivante, celle-là même à cause de qui tout a commencé.

La vie, et avec elle, la mort furent définitivement créées, et sans nul doute, on en entendrait à nouveau parler. 
(MT, 1976)