lundi 31 mars 2014

L'Humour du Prochain n°36 : Le Baleinié (C & D)






Extraits de la page Facebook «L'Humour du Prochain», qui, comme son nom l'indique, est consacrée au partage d'humour sous toutes ses formes et déclinaisons.















samedi 29 mars 2014

vendredi 28 mars 2014

Magritte-Michaux : La Grande Famille





la grande famille
René Magritte : "La Grande Famille"


Un oiseau qui traverserait des nuages, que des nuages traverseraient...
Tandis qu'il volerait les ailes étendues largement par-dessus les mers, non plus criant, perpétuellement affamé, mais devenu contemplatif...
Oiseau en plein ciel, traversé de ciels.

Henri Michaux, extrait de "En rêvant à partir de peintures énigmatiques".





Magritte-Michaux : Golconde





golconde
René Magritte : "Golconde"


Maisons alignées.
Appliqués à la façade, debout, dos à la pierre, à une certaine hauteur, en suspension sans appui, immobiles, des hommes en rang, corrects, habillés pour sortir, en pardessus et le chapeau sur la tête, tous strictement semblables, sauf pour la taille (il y en a trois).
Façades de maison, façades d'hommes.
Aucun n'entre, ni ne sort. Pas en situation pour entrer. Comme plaqués dessus, ils demeurent en surface. A part, les hommes! Pas d'accueil dans la maison inhumaine, mais qui affiche "hommes".
Anonymes, gardant la distance, figés, chacun en son étroit espace régulier, qui ne doit pas être réduit.
Maintien à maintenir.


Henri Michaux, extrait de "En rêvant à partir de peintures énigmatiques".




jeudi 27 mars 2014

Vivre en Présence n°31 : Euphorismes








Extraits de la page Facebook «Vivre en Présence»















«Être en Présence, c'est se situer au point de contact le plus intime de soi-même avec soi-même, en cet espace ineffable où tout apparait et tout disparait, cet espace qui pour l'intellect semble vide, diffus, non localisé, et qui pourtant est plein d'impressions sensitives et d'intuitions vivantes, cet espace où une seule chose est certaine, c'est que ici et maintenant, Je Suis; je ne peux pas dire «ce» que je suis, mais l'évidence de ce «Je Suis» se suffit à elle-même. Et la qualité de paix, la vivacité des perceptions, la fluidité des sentiments qui sont les manifestations immédiates de ce «Je Suis» ont une saveur indubitablement reconnue.»







lundi 24 mars 2014

L'Humour du Prochain n°35 : Andy Singer






Extraits de la page Facebook «L'Humour du Prochain», qui, comme son nom l'indique, est consacrée au partage d'humour sous toutes ses formes et déclinaisons.


















samedi 22 mars 2014

Gilles Farcet : la gravité de l'être (3 et fin)






La vie quotidienne nous offre la juste mesure de notre compréhension : nous ne lâchons rien ! Nous n’acceptons pas notre humanité, et restons identi­fiés aux personnages de façade qui se jouent, sans nous, en nous (on pourrait dire aussi : de nous). Les invitations à lâcher, à accepter notre humanité, justes en essence, s’adres­sent en fait à celui qui lit ces lignes. La psyché est conditionnée à faire de ces invitations des recettes à appliquer : « mais oui, je dois donc lâcher... oui, c’est ça, je dois m’accepter pleinement ». Mais celui qui prend soudain ces décisions est-il capable de faire ce qu’il souhaite ? Nous voici à nouveau dans la lourdeur des obligations mentales, celle d’un tyran intérieur voulant ceci ou cela. Comment donc sortir de ce cercle ? Comment laisser la joie reverdir en nous ? Et, au final, qu’est-ce donc qu’être spirituel ?

Vous soulevez la difficulté inhérente à toute transmission, celle à laquelle je me heurte quoti­diennement — pour moi-même en tant que prati­quant de la voie et en tant que
"transmetteur". Ce que vous appelez dans votre question « la psyché », que Swami Prajnanpad et Arnaud Desjardins nom­ment « le mental », a pour caractéristique de tout recycler en mental, y compris les enseignements qui dénoncent ses mécanismes. Donc, en effet, il y a de fortes chances pour que nombre de lecteurs de cet entretien soient en ce moment même le jouet de cet implacable, diabolique mécanisme : d’une certaine manière, le mental est un petit bourgeois craintif, il lui faut du connu, du balisé. Comme vous le soulignez, il cherche des recettes scolaires : « il faut lâcher », « je dois m’accepter ». Or, non, il ne « faut » rien, je ne « dois » rien. A moi-même de sentir où est mon intérêt. Nous n’agissons qu’en fonction de ce que nous ressentons, à tort ou à raison, illusoirement ou non, comme notre intérêt du moment, et c’est égale­ment vrai de la pratique spirituelle. Il y aura « pra­tique », acte spirituel à partir du moment où moi, moi-même dans ma dignité intrinsèque, la « personne » que je suis, en sera arrivée au point de maturation qui lui per­mettra de ressentir la pra­tique comme une nécessi­té intime et non comme une obligation, un devoir, un « il faut ». « Il faut » tou­jours par rapport au regard de quelqu’un d’autre, y compris du juge ou tyran intérieur, introjection de quelque idéal parental, éducatif, religieux... La nécessité naît de moi-même, de l’intimité, sans référence à un autre, même si la référence à un autre — en l’occurrence, dans nombre de traditions, le maître — est une aide, mais justement dans la mesure où le maître est de moins en moins ressenti, appréhendé comme un autre, où il est plutôt perçu comme moi-même vraiment moi-même. A cet égard, je fais une distinction toute personnelle, c’est le cas de le dire, mais qui ne me semble pas inintéressante entre la personne et la personnalité. On a souvent opposé le christia­nisme, religion de la personne, aux « spiritualités orientales » qui nieraient la personne, prôneraient l’impersonnel... Il se peut que cette distinction soit de surface. La conscience est sans doute essentiel­lement impersonnelle — si je me branche sur le pur sentiment d’être, « je suis », j’éprouve très certaine­ment quelque chose de semblable à ce que vous éprouvez, une dimension non changeante, non séparée, en dehors du temps, des causes. Mais je l’éprouve au travers de cette forme, de ce corps et là, il y a non seulement un « corps » distinct des autres mais une personne, une sorte d’essence per­sonnelle unique qui fait de chacun un être singulier. C’est ce que l’on capte dans un regard, un sourire, une démarche, une émanation particulière. Et puis sur cette personne, moi-même dans ma dignité intrinsèque, se sont greffés beaucoup d’excrois­sances, le « moi » qui se fantasme possesseur, contrôleur et séparé avec ses boursouflures, ses pré­tentions, ses fausses lois, ses attitudes factices... J’aime beaucoup l’insistance de Stephen Jourdain sur « la gilléité » de Gilles, la « stevéïté » de Steve... A mon sens, c’est la personne, moi-même dans ma dignité intrinsèque, qui peut sortir du cercle vicieux, tenter un geste intérieur, pratiquer... Attention à ce moment-là à l’irruption de l’idéal, manifestation de la personnalité : « ah, j’aurais du pratiquer, j’ai oublié, pourtant il faut, je suis un minable »... « Comme j’ai bien pratiqué, plus spi­rituel que moi tu meurs, comme je suis spirituelle­ment cool, tout de même... »

Arnaud Desjardins parle parfois du « disciple » en nous qui n’est pas un personnage de plus, supé­rieur aux autres mais nous-même dans notre digni­té intrinsèque. Le chemin spirituel voit à mon sens l’émergence et la maturation de ce disciple. C’est pourquoi, autant je me sens intéressé par les voies dites « directes » — qui soit dit en passant sont aujourd’hui très à la mode, quasiment tout instruc­teur apparaissant sur le « circuit » vient nous déli­vrer le message : il n’y a rien à faire, à pratiquer, tout est là, l’idée même de chemin est un obstacle, etc — autant j’ai des doutes quant à leur pertinence et efficacité hormis quelques exceptions. Car encore une fois, à qui s’adresse-t-on ? Les gens vont écouter tel ou tel instructeur et recyclent sa parole radicale en compromis confortable — « ah ! comme il est cool de se sentir radical » sans que rien ne bouge vraiment. En ce sens, je souscris à ce que disait Gurdjieff : « l’homme n’a pas d’âme mais il peut s’en forger une ».
Maintenant, qu’est-ce qu’être spirituel ? Autant que je puisse être assez présomptueux pour répondre à cette question, il me semble que cela consiste à vivre sur deux plans en même temps, l’essentiel et l’existentiel perçus comme non séparés.
Pour moi, tout est dit dans cette merveilleuse his­toire évangélique de Marthe et Marie. Le Christ s’in­vite à dîner chez deux femmes. L’une fait à manger, dresse la table, etc. tandis que l’autre reste assise aux pieds du Seigneur à le contempler. Au bout d’un moment, Marthe, celle qui bosse, en a assez et très légitimement se rebiffe : « quand même, elle pourrait me donner un coup de main et, Seigneur, tu pourrais le lui dire, quand même ». Ce à quoi le Christ lui fait cette réponse imbuvable et injuste du point de vue ordinaire : « Marthe, tu t’agites pour beaucoup de choses, Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée ». De la manière dont je reçois cet épisode, Marthe et Marie représentent les deux plans existentiel et essentiel, que nous avons pour voca­tion, en tant qu’êtres humains, d’habiter en même temps. Jésus ne dit pas à Marthe de venir s’asseoir et d’arrêter, il faut bien que quelqu’un fasse le repas. Mais il pointe qu’elle agit dans l’identification, emportée, oublieuse de l’essentiel. Nous avons voca­tion d’être à la fois Marthe et Marie : Marie, la meilleure part, celle qui ne peut être enlevée, l’atten­tion tournée vers le sentiment d’être, la dimension non changeante, non séparée, le Seigneur ; et Marthe, celle qui fait face à ses responsabilités, s’investit pas­sionnément dans l’existentiel, mais sans perdre de vue le Seigneur. Marthe et Marie en même temps. Être spirituel, c’est, pour moi. être Marthe et Marie en présence du Seigneur, n’oubliant pas le Seigneur, jamais, ou de moins en moins en tous les cas. Perspective qui ne peut que déboucher sur un certain humour, car il est toujours burlesque de voir depuis la tranquillité quelqu’un s’agiter — un humour dénué de condescendance car le Seigneur sera bien content de se mettre à table le moment venu !






Gilles Farcet : La gravité de l'être (2)







Au terme des pleurs se révèle une légèreté d’être ; le terrain intérieur est comme nettoyé de sa pesan­teur. La légèreté de la vie semble intimement liée à cette légèreté. Mais celle-ci est pourtant bien éloi­gnée de notre quotidien. Comment lui permettre de se révéler dans sa pleine fraîcheur ?

Je vais répondre par des évidences : impossible de se sentir léger si on porte des poids inutiles. Donc, il s’agit de « lâcher » comme on l’entend si souvent dire dans ce vocabulaire quelque peu approximatif qui caractérise aussi — au même titre que l’indécrottable sérieux — un certain milieu « branché spiritualité ». Alors, attention ! Si j’osais, je dirais : « soyons sérieux ». En tout cas, abordons avec gravité cette question si cruciale de la légèreté, l’insoutenable légèreté de la vie et de l’être comme l’a si bien formulé un grand écrivain — Kundera pour ne pas le nommer. Que pouvons-nous donc « lâcher » sans pour autant éviter quoi que ce soit ou adopter une quelconque pose insouciante face à un quotidien qui, certes, a ses contraintes et pesanteurs. J’en sais un peu quelque chose puisque à l’heure où je vous réponds, je vis seul avec deux enfants, travaille plus qu’à plein temps, écris des livres, enregistre un disque, fais les courses, les comptes, les repas, me débrouille pour partir en vacances avec mes filles et vivre par ailleurs ma vie d’homme... Bon, on me pardonnera de mentionner des détails personnels dans une interview à 3’ millénaire, mais c’est bien à dessein que je le fais : de même que pendant long­temps, on n’imaginait pas un poète chanter la machine à café ou les distributeurs automatiques, il me semble que l’on entend rarement certains « éveillés » ou instructeurs parler de la manière dont ils gèrent leur existence, comme si finalement l’éveil » était une abstraction, comme si, pour employer un langage religieux, Dieu ne s’investis­sait pas dans sa création... Disons qu’en ce qui me concerne, mon existence ne consiste pas à aller de conférence où je répèterais « il n’y a personne » à un atelier où je répèterais plus longuement la même chose... et j’ajoute que j’en suis très heureux, convaincu de l’adage zen selon lequel il faut amener le satori sur la place du marché, une place du mar­ché qu’avec ses couleurs, ses bruits et sa vie je trou­ve trop souvent absente des discours spirituels. Je disais donc, qu’il s’agit de « lâcher » sans pour autant éviter ou tomber dans l’affectation de légèreté ? « Lâcher » quoi, au juste ? En premier lieu, les pen­sées inutiles auxquelles pourtant nous avons sacré­ment tendance à nous identifier. Il y a mon existen­ce vécue et mon existence pensée qui peut s’écouler en parallèle. L’existence vécue a ses exigences, mais elle a ceci de léger malgré tout qu’elle se vit juste maintenant, dans l’instant. Tandis que l’existence pensée se traîne laborieusement dans le temps : pen­sées du passé, pensées du futur, commentaires, com­paraisons. Inutile de préciser que l’existence pensée est autrement plus lourde que l’existence vécue. Je peux tout à fait utiliser la pensée comme outil, et un outil combien indispensable et précieux afin de pré­voir, planifier, proposer, réfléchir... Bien que, pour paraphraser Pascal, l’homme soit un « robot pensant », il ne s’agit pas non plus de dégénérer en robot non pensant. Par contre, je ne suis pas obligé de lais­ser, tel l’apprenti sorcier, le balai de la pensée tour­ner sauvagement dans tous les recoins.

Le quotidien abordé avec conscience exige orga­nisation, donc réflexion, donc planification, donc prévision par rapport à l’avenir, donc leçons tirées du passé, donc pensée utile. Mais l’organisation, c’est exactement comme la technique pour un musi­cien : c’est ce que l’on travaille sur un certain plan pour être libre de basculer dans un autre plan, celui de l’improvisation, de la magie musicale dans l’ins­tant, de la grâce... La technique est lourde, la musique est légère.
Enfin, je crois qu’il n’y a pas de « légèreté », de grâce d’être sans une acceptation radicale de notre humanité. Un aspect de l’épouvantable sérieux qui gangrène les milieux spirituels, c’est ce que l’on peut désigner par l’ »idéal ». Affreux, horrible idéal spiri­tuel qui écrase la vie sous son talon de fer... En fait, le mental fabrique de la religion — au sens négatif, idéaliste du terme — au kilomètre. L’hérésie la plus insupportable aux yeux de la religion, disait à peu près James Joyce, c’est l’être humain lui-même. Il y a quelque chose qui ne va pas dans mon humanité, crie le mental religieux ou l’idéaliste en nous. Donnez-moi du sublime, forcément du sublime, du transcendant, du grandiose, cachez-moi cet humain que je ne saurais voir... Au pire cela donne le nazis­me, les intégrismes, au minimum la névrose spiritua­lo-religieuse dont le christianisme dévoyé n’a pas l’exclusivité. En tant qu’instructeur amené à entrer dans l’intimité de centaines de personnes, je constate chaque jour à quel point les êtres humains entretien­nent un rapport épouvantable avec eux-mêmes, au nom, notamment, de leur idéal spirituel. « Il faut » être comme ci ou comme ça, c’est le règne du « spirituel­lement correct ». Et comme si les choses n’étaient pas assez complexes, il y a aussi la perversion du spiri­tuellement incorrect érigé en version chic du spiri­tuellement correct. Dans certains milieux, ce qui est « spirituellement correct » c’est d’être « spirituellement incorrect », pseudo folle sagesse, éveil sauvage et compagnie... Que tout cela est souvent, à quelques exceptions près, fabriqué, convenu, bourgeois, coin­cé, en bref, faux et triste. Car il n’y a rien de plus fina‑lement triste que le faux, rien de plus finalement gai que le vrai, une gaieté qui, encore une fois, inclut la gravité. Donc, oui, au coeur des pleurs et des rires assu­més, il y a la légèreté, mal­gré tout, une légèreté d’un autre ordre, une grâce...



Gilles Farcet : la gravité de l'être (1)




Extrait du numéro 76 de la revue 3ème Millénaire, cet entretien avec Gilles Farcet nous permet de réfléchir sur ce vaste sujet sans se perdre dans des opinions ou préjugés, Gilles nous ramenant sans cesse à l'essentiel de la pratique et du chemin.
L'article s'intitule "La gravité de l'être", en trois questions, donc trois parties.




3’ millénaire - Une pratique spirituelle est sou­vent abordée avec un dramatique sérieux. Un tel sérieux est-il inévitable ? Y a-t-il un sérieux juste?
Gilles Farcet - Pour tenter de répondre à votre question, je proposerais une distinction entre « sérieux » et « gravité ». Je n’ai jamais rencontré d’être à mes yeux authentiquement spirituel — tout être est par essence spirituel, je veux dire par là réel­lement investi dans la visée essentielle — qui ne soit au fond empreint d’une profonde gravité. J’aime ce mot « gravité » qui évoque aussi l’enracinement, le poids au sens positif. Yvan Amar aimait d’ailleurs à rappeler que l’un des sens étymologiques du terme « gourou » est « celui qui pèse lourd, qui pèse son poids ». Ce que faute de mieux il faut bien appeler la « quête » spirituelle n’est pas une plaisanterie, une distraction sans conséquence. La vie a une dimen­sion tragique, l’enjeu est rien moins que radical, il ne s’agit donc pas d’une blague. Face à ces êtres, j’ai toujours senti qu’ils ne badinaient pas avec l’es­sentiel et que donc, oui, il y avait chez eux une cer­taine gravité, une gravité fraîche semblable à celle des enfants qui vous regardent droit dans les yeux. Le petit enfant ne se pense ni ne se veut « sérieux », « profond », il est sérieux et profond de par sa relation encore innocente aux terribles questions que pose la vie. Je dirais donc que, oui, il y a un « sérieux », en tous les cas une gravité, juste et inévitable. Sérieux aussi dans la méthode, surtout quand il y a transmis­sion. On ne transmet pas une voie ou une pratique à coup d’approximations et de bons mots.
Cela dit, je n’ai jamais rencontré non plus d’être à mes yeux authentiquement « spirituel » qui ne témoigne pas d’un vif humour et qui se prenne au sérieux. Car si la vie est tragique, elle est aussi comique, absurde, dérisoire, burlesque souvent... Le moi qui se croit séparé et possesseur a un côté guignol, tellement prévisible qu’il en devient gro­tesque. Et puis la nature de ce qui est s’avère telle­ment paradoxale que seul l’humour peut la donner à pressentir.
Donc, je dirais : pas de « sage » sans gravité, pas de « sage » sans humour, les deux, gravité et humour étant non fabriqués, frais, uniques. De même qu’il existe le « bon sourire » professionnel du fonctionnaire de la charité, on peut ici et là ren­contrer l’ »humour obligatoire » du professionnel de l’éveil — quelle horreur ! J’ajoute que si décapant que puisse à l’occasion être l’humour d’un être authentiquement spirituel, il ne dérive jamais dans la dérision gratuite. Nous savons bien que nombre de nos contemporains pratiquent l’hu­mour systématique comme évitement de la rela­tion ; chez l’être authentiquement spirituel, l’hu­mour est aussi un outil de relation, jamais une armure, un bouclier ; parfois une épée, mais jamais destinée à tuer autre chose que la prétention inutile qui fait écran à la relation vraie.
Bien entendu, je connais cet indécrottable esprit de sérieux au sens négatif du terme qui gangrène les milieux de la « spiritualité » et qui à mon sens procè­de d’une dynamique « religieuse ». L’être humain est ainsi fait qu’il sécrète sans arrêt de la « religion », du « sens », du « linéaire », de l’idéologie, parce qu’il a peur de l’inconnu, de la dimension incompréhen­sible, paradoxale, insaisissable du réel. Notre ten­dance à tous est donc de tout transformer en idéolo­gie, y compris les enseignements les plus libéra­teurs. Il nous faut du « concret », du « sens » bien exprimable, des explications, des « buts »... Très vite, on en arrive donc à la ligne du parti, à ce qui est kasher ou pas kasher, à ce qui se fait et ne se fait pas. Il y a une tyrannie du « spirituellement correct » qui bien sûr va à l’encontre de l’esprit spirituel sachant qu’être spirituel, avoir de l’esprit veut aussi dire en français avoir de l’humour.
En fait, je crois que pour vraiment rire, il faut avoir vraiment pleuré. Le sérieux pompeux comme la dérision superficielle sont des protections face à l’humanité radicale que suppose à mon sens une authentique investigation spirituelle.



mardi 18 mars 2014

Swami Rudrananda : De la difficulté d'une mort réussie





fragon

Dans son livre "14 years with my teacher", l'auteur John Mann cite son instructeur spirituel Swami Rudrananda (alias Rudi) :

«Lorsque je porte un regard sur ma vie passée, je vois une longue file de cadavres alignés derrière moi. Ce sont tous des aspects différents de moi-même dont je me suis défait. Je n'ai jamais trouvé agréable de mourir. Mais maintenant je reconnais les symptômes et je sais comment réagir. Lorsque je sens un grand manque, comme si la marée se retirait, pour ne jamais revenir, je commence à suspecter le début du processus. Tout ce qui semblait riche de sens est vide. Les objectifs que j'avais semblent futiles. Les relations les plus proches ne signifient plus rien. Je me sens entouré d'un brouillard infini. Des voix m'appellent. Des tentations semblent attirer mon énergie juste au moment où j'en ai le plus besoin. Une personne est très vulnérable dans ces moments là.

Le plus important est qu'elle aille jusqu'au bout du processus, et que d'autres autour d'elle comprennent ce qui se passe afin de pouvoir la soutenir. Malheureusement, cela arrive rarement.

Vous devez comprendre le subtil dilemme qu'implique l'appréciation de la difficulté d'une mort réussie. Tout d'abord, la personne elle-même soit s'effraie de sa condition, soit cesse de s'intéresser à quoi que ce soit. Ensuite, les plus proches seront soit anxieux de son état, soit se sentiront rejetés et la rejetteront à leur tour. C'est très malheureux. Une personne a besoin d'être aidée dans sa mort intérieure avec de la compréhension et de l'amour. Toute son énergie est absorbée par ce processus interne. Elle ne peut communiquer. A moins que cela ne soit compris et accepté, ceux qui l'entourent ne peuvent pas répondre de façon appropriée.

Le résultat est que les chances de réussir sa mort sont très faibles. Généralement, le processus avorte. Alors la personne se sent mieux. Les autres se sentent mieux. Personne ne se rend compte que les fruits du travail interne sont perdus à jamais. C'est vraiment tragique.

Le travail spirituel ne peut être effectué que par des personnes en bonne santé. Un tel développement naturel est un accomplissement relativement rare, bien qu'il n'ait rien à voir avec le développement spirituel. Mais lorsqu'il se produit, alors il devient sensé de travailler à la renaissance, c'est à dire, la conception et le développement d'un niveau d'être entièrement neuf.

La conception a lieu dans les semences de votre potentiel. La fertilisation ne peut se faire que par une énergie supérieure. Cela arrive plus souvent que vous ne croyez. J'ai eu des étudiants qui partaient après avoir travaillé seulement une semaine et qui me contactaient neuf mois plus tard pour me dire qu'ils se sentaient vraiment très bizarres. Je ne peux pas leur dire qu'il ont été "engrossés" spirituellement, mais c'est ce qui c'est passé. La puissance du premier contact a fertilisé quelque chose en eux. C'est très proche de ce qui se passe physiquement. Neuf mois plus tard il ne peuvent s'empêcher de sentir les effets, bien qu'ils n'aient pas travaillé du tout pendant ce temps. Si je le leur disais, malgré tout, soit ils ne me croiraient pas ou cela les ferait se sentir mal. Alors je leur dis seulement de ne pas s'en faire, que les sensations partiront dans quelques jours. Et c'est ce qui se passe. Un avortement psychique a lieu. Et la personne ne saura jamais ce qu'elle vient de perdre.

Mais si vous êtes correctement préparé, vous pouvez créer votre propre climat interne pour le développement de la semence qui a été fertilisée. C'est le but de notre travail. Un niveau d'être supérieur nécessite une énergie supérieure pour nourriture. En activant votre "système digestif" psychique vous faites la chose essentielle, créer l'aliment pour l'embryon spirituel en vous.

Je ne suis pas fantaisiste, c'est un processus bien réel qui prend longtemps. C'est pourquoi personne ne devrait commencer ce travail à moins de pouvoir s'engager à faire des efforts sur une longue durée.

Si les conditions sont justes et que l'embryon interne est créé à l'intérieur de l'adulte physique, il passe à travers les différents stades de maturation comme un enfant normal. Pendant toute cette période notre moi ordinaire doit avoir le rôle du parent. Au-delà de la responsabilité que cela implique, le processus est compliqué par le fait que l'enfant qui grandit est à un autre niveau d'être que l'adulte qui s'occupe de lui. L'adulte doit servir l'enfant comme un intendant, comme il est suggéré dans le Nouveau Testament. A plusieurs reprises l'intendant doit prendre des décisions jusqu'à ce que le maître revienne. Où est le maître ? Dans un sens, caché et enfoui dans les profondeurs de l'inconscient créatif. Dans un autre sens, quelque part ailleurs dans le cosmos. Mais au sens présent, il n'est pas encore là parce qu'il est encore occupé à grandir. Il est à notre merci jusqu'à ce qu'il arrive à maturité et prenne possession de son héritage.

C'est une tâche éprouvante que nous entreprenons en faisant l'expérience de la renaissance. Nous ne comprenons jamais vraiment qui renaît et à quel prix, jusqu'à ce que cela commence à se produire. Tels que nous sommes, nous ne pouvons renaître. Nos personnalités sont l'enveloppe d'où la semence se libère. Si nous sommes attachés à l'enveloppe, la souffrance impliquée est encore plus intense et nous combattons la renaissance plus que nous ne l'aidons. Il nous semblera qu'un corps étranger absorbe notre conscience. C'est extrêmement menaçant si vous avez l'illusion de savoir qui vous êtes. Mais aucun d'entre vous ne sait seulement qui il était. La seule véritable opportunité que vous avez de croître est le fait que vous ne pouvez pas savoir qui vous serez. Lorsque vous ressentez cela aussi clairement que le goût d'un citron mûr, alors vous serez prêts à capituler dans le bon sens. D'un point de vue c'est une grande menace et d'un autre une grande aventure. Personne n'a le droit de demander ou de s'attendre à ce qu'un autre être humain entreprenne une telle transformation pour des motifs extérieurs, y compris la préservation d'une relation existante. Cela ne justifie pas l'abandon des responsabilités, mais ces responsabilités ne peuvent pas former les fondations sur lesquelles l'effort interne se construit.

Un cours d'eau lent est facilement pollué. Un cours d'eau rapide, avec un lit plus large, balaie tout ce qui y rentre presque instantanément. Dans l'être humain, il s'agit plutôt d'un courant de feu. Au début, il est facile à éteindre. Mais comme le courant s'élargit et que la température monte, il brûle tout ce qu'il touche. A la fin, même le métal sera évaporé. Alors nulle protection ne sera nécessaire pour les situations que nous attirerons. Ce sont les autres qui devront se protéger de nous. Ils se tiendront instinctivement à l'écart de la fournaise, à moins qu'ils ne soient attirés par l'énergie qu'elle contient.

Il est bon que notre culture soit devenue plus ouverte à des expériences qu'elle aurait niées ou condamnées sans les comprendre il y a dix ans. Mais l'expérience en soi ne peut pas être le motif. Le plaisir entretient l'esclavage. Il ne l'efface pas. Nous ne sommes pas différents du rat dans un labyrinthe à cet égard. C'est la capacité à accepter la douleur, à persévérer malgré les résultats, et non à cause d'eux, qui est nécessaire à la réalisation de quelque chose de permanent. Nous devons évoluer avec la conscience grandissante d'un but que d'autres ne voient pas ou trouvent insensé. Et l'accomplissement sera notre propre destruction partielle afin que quelqu'un bien plus grand que ce que nous sommes aujourd'hui puisse apparaître.

Quelque soit ce que vous désirez accomplir, quelque soit la direction vers laquelle vous voulez vous diriger, vous aurez besoin de vous renforcer intérieurement. Sinon, même si vous y arrivez, ce sera un être déformé et amoindri qui recevra la récompense. Il ne saura pas quoi faire avec et son succès sera vain. Ce travail peut vous renforcer et compléter votre développement intérieur. C'est la première phase principale dans laquelle nous sommes engagés. C'est un grand effort, et la plupart des gens se font des illusions en pensant que ce n'est pas nécessaire.»






lundi 17 mars 2014

L'Humour du Prochain n°34 : Carelman






Extraits de la page Facebook «L'Humour du Prochain», qui, comme son nom l'indique, est consacrée au partage d'humour sous toutes ses formes et déclinaisons.



Bicyclette pour neige


Escalier 4x4


Fauteuil-radiateur


Poussette tout-terrain


Puzzle 2 pièces


Sac pour chat


Table de ping-pong toutes directions


Violons 4x4


Vélo 2x2


Simplificateur