mardi 31 mars 2020

Lee Lozowick : «Who am I kidding ?»








Une invitation à la pratique, par Lee Lozowick.

«L'investigation intérieure et «neti neti» (ni ceci, ni ceci) sont deux pratiques traditionnelles en Inde qui nous aident dans notre travail. Avec «neti neti», on constate ce qui monte à la conscience et on dit : «la réalité n'est pas ceci». Car chaque fois que l'on se fixe sur quelque chose de spécifique et qu'on le considère comme étant ce qui est, on exclut tout le reste et on est dans le faux. Si on dit «neti neti» à propos de tout, au bout d'un moment, on arrête de se focaliser sur le spécifique et de fonctionner de manière dualiste, et on arrive à l'essentiel. On arête de diviser la réalité, on l'accepte telle qu'elle est dans sa totalité.

L'investigation intérieure est une pratique très similaire. On questionne chaque émotion, chaque sentiment, chaque pensée : «Who am I kidding ? - De qui je me paye la tête ?». Cette phrase est comme une épée qui tranche toutes les illusions jusqu'à ce qu'aucune ne puisse résister et qu'il ne reste plus rien d'autre que la source même de la Création, c'est à dire ce qui est. Il faut persévérer, persévérer, persévérer.
Même un satori n'est pas la fin du questionnement. Même avec un satori, quand on se dit : «Ça y est !», ça n'y est pas. Dès qu'on en fait un concept, on n'est plus ici, dans ce moment-ci. On pratique donc instant après instant, encore et encore, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'instant, jusqu'à ce qu'il n'y ait qu'ici, juste ici.»
(Lee Lozowick, Hauteville, 6 juillet 2000)




La pratique de «Who am I kidding ? - De qui je me paye la tête ?» - l'observation neutre des pensées et leur récusation systématique - s'est avérée pour moi vraiment efficace, et par son application assidue instant après instant, est devenue au bout d'un certain nombre d'années une «seconde nature» : toute pensée est immédiatement vue en tant que pensée, tout ressenti est immédiatement vu en tant que ressenti, et il n'y a plus aucune saisie du mental. Les pensées ne sont pas crues et ne deviennent pas du solide, du réel, et les ressentis sont assumés tels quels, sans jugement ni commentaire. Ça fonctionne, mais comme pour le piano, il faut «faire ses gammes» tous les jours ! A noter une façon de dire de Betty qui vise au même résultat: «J'crois pas ça !»






dimanche 29 mars 2020

Requiem de Penderecki : Libera Animas







«Figure majeure de la composition, le polonais Krzysztof Penderecki est mort dimanche 29 mars à l'âge de 86 ans, dans sa ville natale de Cracovie. Selon les médias du pays, qui citent l'association Ludwig van Beethoven fondée par son épouse Elzbieta, le compositeur et chef d'orchestre est décédé des suites d'une longue maladie.» (Source )







lundi 23 mars 2020

Moebius : Combien êtes-vous ?


Il y a un peu plus de huit ans...





En hommage à Moebius, voici quelques pages extraites du premier volume de la série "L'incal" (texte et scénario de Jodorowski, dessins de Moebius). Elles posent de manière astucieuse une "vraie" question : non pas "Qui suis-je?", mais "Combien suis-je?"...


Cliquer sur les images pour les lire en haute résolution.





jeudi 19 mars 2020

Sarah Small : «Skylight One Hanson - Tableau vivant»





Lorsque la nudité des corps épouse la nudité des coeurs et communie avec celle des esprits, la performance qui en résulte est d'une intensité à couper le souffle.

Sarah Small : Site officiel










mardi 10 mars 2020

Perspective





René Magritte : "Perspective Mme Récamier de David"



Que soit aux défunts accordée une dernière faveur.
Cercueils coudés pour morts préférant reposer assis... à demi "redressés" déjà.


Henri Michaux, extrait de "En rêvant à partir de peintures énigmatiques".



René Magritte : "Perspective Mme Récamier de Gérard"



Henri Michaux : Compagnons




Sur un texte d'Henri Michaux, extrait de "La nuit remue", une improvisation par Pascale Valenta (voix) et Michel Tardieu (piano). Enjoy !







La Mémoire






René Magritte : "La mémoire"



Ne verra-t-on jamais dans un beau visage silencieux, ou dans un visage sans corps, ou dans une tête en plâtre ou en marbre, le front immo­bile prendre soudain mémoire de ceci ou de cela et la tempe se mouiller du souvenir d'un ancien événement tragique ?
Si. C'est arrivé. Ici même. Une tache de sang est apparue, et s'élargit.
Sur le blanc visage sans ombre, le souvenir « marquant », d'abord se­cret s'est trahi. Le sang va sourdre de la blessure de l'âme.
Au-delà de la tempe, l'intense rouge s'étend, s'aggrave, va devenir ineffaçable.
Par la fenêtre, dans le monde du dehors, des nuages passent, qui paraissent pensés ; qui paraissent ralen­tis, qui demeurent, telle une situation grave qui ne sera jamais réglée, sur lesquels le rideau, à la fenêtre, ne sera jamais qu'à moitié fermé.
Sortie de la main du sculpteur, entrée dans la matière, la vie continue.
D'elle-même, enfin, la pierre ressent, manifeste. A présent elle revit un drame.
Saignant visage de marbre, par ailleurs inchangé, s'exprimant en silence.

Henri Michaux, extrait de "En rêvant à partir de peintures énigmatiques".





Michaux - Magritte : Les travaux d'Alexandre




René Magritte : "Les travaux d'Alexandre"


Dans la clairière, près de l'arbre qui gît abattu, la partie du tronc demeurée en terre s'est emparée de la cognée du bûcheron. Une des noueuses racines, ou plutôt un des bas contre­forts ligneux, a dû lentement bouger et, comme une patte d'ours, s'est posée sur l'outil du meurtre, le main­tient, et ne le rendra plus. Enfin une justice. Une égalité. Une nouvelle re­vendication.
Un nouveau malaise pour les hommes.
Combien de temps aura-t-il fallu à la souche pour s'emparer de l'arme de l'assassin, pour l'immobiliser, empê­chant qu'à nouveau elle fasse le mal ? Maintenant le geste infiniment lent est accompli. A terre, maintenue souve­rainement par une « patte d'arbre », patte qui, au contraire de celles des animaux, une fois posée, ne se relève plus, et ne connaît pas la fatigue, la cognée meurtrière ne pourra plus être dégagée.
Fascinant spectacle. Réponse d'un être qui n'a pu répondre assez vite, qui jamais ne put répondre à temps. Au nom des silencieux la souche de l'arbre abattu donne la réponse tardive.
Depuis un temps immémorial, des millions d'arbres par la cognée ou par la pré-historique hache de pierre ont été abattus sans un mouve­ment de résistance, sans jamais une protestation. Voici un commencement qui peut faire réfléchir. De nouveaux résistants. Que restera-t-il de la royauté sur la « création » ? L'inquiétude hu­maine va connaître une nouvelle di­mension.

Henri Michaux, extrait de "En rêvant à partir de peintures énigmatiques".






Magritte - Michaux : La voix du sang




René Magritte : "La voix du sang"


La lune, lassée d'être toujours derrière, cette fois se présente devant les arbres de la forêt, devant une maison isolée, toute naturelle, pas moins particulière, et faisant rêver, la même apparemment qui chaque mois refait ses éternelles figures qui se suivent sans surprise.
Henri Michaux, extrait de "En rêvant à partir de peintures énigmatiques".


Henri Michaux : «Mes occupations»



Un texte d'Henri Michaux, illustré vocalement par Pascale Valenta, toujours sur le mode improvisé, avec Michel au piano.









Emportez-moi (Le Séducteur)






Cette fois, c'est un poème d'Henri Michaux mis en musique par l'incontournable duo Tardieu-Valenta (dans une toute nouvelle improvisation sur ce texte) qui accompagne subtilement ce tableau de René Magritte.