dimanche 10 mars 2013

A propos de la Pratique Spirituelle






L'ILLUSION DE LA VOIE (Par Monko)

Il ne saurait donc exister une voie, donc une histoire dans le temps, menant de l'identification à la non-identification car ce passage, qui au demeurant n'en est pas vraiment un, ne concerne justement pas le temps, l'espace, et quelqu'un qui vivrait dedans, et il ne s'agit pas non plus de passer d'un état à un autre qui seraient sur un même plan d'expérience. Ici il s'agit d'un passage subit de la restriction à l'absence de limites, de contours, de centre; un passage subit du non-être à l'être, du rêve à la réalité, d'une histoire qui semble se dérouler inéluctablement dans le temps à la verticalité, à l'impersonnel, à l'intemporel.

Aussi, toute voie de purification, de progression tend à purifier ce à quoi nous sommes identifiés, à bien nettoyer la prison, rendue ainsi plus agréable pour le prisonnier. Toute idée de progression ne tend qu'à l'évolution du mental de l'individu, à passer d'un état de confusion à un état de clarté, qui peut certes être plus agréable mais n'est toutefois toujours qu'une possession, conditionnelle et branlante. C'est la clarté de quelqu'un, qui s'échafaude sur une ignorance de base: l'idée d'un moi qui peut aller d'ici à là et progresser vers la lumière.
Source : Non Dualité




Voici le commentaire que j'avais laissé concernant l'article cité ci-dessus:

Je cite : «Ici il s'agit d'un passage subit de la restriction à l'absence de limites, de contours, de centre».
Une pratique spirituelle, à mon sens, n'a pas pour but d'obtenir que se produise ce "passage", mais de préparer la personne pour le cas où, par l'intervention de la Divine Grâce, ce passage se produirait. Tout de même, Ramana Maharshi a bien failli y laisser sa jeune peau d'adolescent; plus près de nous, c'est presque un miracle qu'Eckhart Tolle ne se soit pas retrouvé dans un hôpital psychiatrique. Et puisque nous en parlons, ma courte expérience de soignant en HP m'a fait rencontrer une personne qui, vu rétrospectivement, a de toute évidence vécu un état d'éveil soudain qui a littéralement détruit sa structure mentale trop faible pour contenir une telle énergie. Elle s'est donc retrouvée hospitalisée, et sa vitalité ne s'exprimant qu'au travers de comportements désordonnés, voire incohérents, restant insensible à des traitements qui auraient réduit tout individu normal à l'état de légume, c'est une "cure de sommeil" (perfusion de très fortes doses de calmants pendant plusieurs jours) qui a eu finalement raison de cet "éveil" sauvage.
Donc, "Il n'y a rien à atteindre", on peut dire ça comme ça, mais notre pratique spirituelle, quelle qu'elle soit, reste notre bien le plus précieux.


Aujourd'hui, j'ajouterai ceci : il n'y a plus pour moi de distinction nette entre des «moments de pratique» et des moments «ordinaires»; la vie quotidienne est devenue en elle-même la pratique, la pratique est devenue l'ordinaire, avec des modulations tout au long de la journée, comme par exemple l'écoute musicale consciente, ou la méditation assise, sans qu'il y ai rupture entre un moment et un autre. C'est cela que j'appellerai volontiers «Vivre en Présence».





Pour ceux qui lisent l'anglais, deux liens vers des articles fort instructifs :
Une critique du courant "Neo Advaïta".
Un dialogue satirique et imaginaire mettant en scène quelques instructeurs bien connus.