samedi 9 avril 2016

Dom Augustin Guillerand : Silence, parole, amour







Augustin Guillerand (1877 - 1945)
Né en 1877 dans le Nivernais, Augustin Guillerand devint prêtre en 1900. Il était curé dans une petite paroisse de campagne lorsque, en 1916, son attrait pour la solitude et la prière le conduisit à la chartreuse de la Valsainte. En 1935, il est choisi comme prieur de Vedana, en Italie. Au début de la deuxième guerre mondiale, il fait partie du petit groupe de chartreux français qui, ne pouvant demeurer en Italie, trouve refuge à la Grande Chartreuse dont les bâtiments étaient à l’abandon. C’est là qu’il écrivit, pour soutenir sa méditation, des notes qui furent éditées après sa mort survenue en 1945. (source)





Silence, parole, amour

La solitude et le silence sont hôtes d'âme. L'âme qui les possède les porte partout avec elle. Celle qui en manque ne les trouve nulle part.
Pour rentrer dans le silence, il ne suffit pas d'arrêter le mouvement de ses lèvres et le mouvement de ses pensées. Ce n'est là que se taire. Se taire c'est une condition du silence, mais ce n'est pas le silence.
Le silence est une parole, le silence est une pensée. C'est une parole et une pensée où se concentrent toutes paroles et toutes pensées. C'est donc la résultante de cette concen­tration ; c'est le terme du recueillement, et c'en est aussi le principe, puisque toujours principe et fin correspondent.

Le silence est un amour qui commande cette concentra­tion : amor est congregativus; il est l'amour de cette parole et de cette pensée unique, autour de laquelle se ramassent toutes les autres.
Mais pour être aimées, cette pensée et cette parole doi­vent précéder, être connues du silence qui les aime. Le silence précède donc parole et amour.

Le silence, c'est l'Être. La parole, c'est la connaissance ou vision qu'Il a de Lui-même. L'amour est la rentrée de la parole dans le silence (ou être), ou mieux c'est l'union (baiser, embrassement, don mutuel) de la parole au silence.
Le silence parle ou se donne. La parole répond ou se donne. L'être tout entier donné à la parole, et tout entier rentré ou recouvré de la parole, c'est l'être achevé.
Le silence est donc la parole du silence qui se donne par amour au silence. Silence ! Parole ! Amour ! C'est l'être plein ! Ego sum qui sum.
Extrait de «Silence Cartusien», par Dom Augustin Guillerand






2 commentaires :

Ariaga a dit…

Le véritable silence est très difficile à obtenir car le caquetage mental est incessant. Beau texte. Amitiés.

Chronophonix a dit…

Si, au lieu de suivre ce caquetage mental, notre attention est dirigée vers l'endroit où il se produit, nous découvrons alors un espace de silence au sein duquel les bruits, mentaux ou autres, apparaissent, et disparaissent.