vendredi 24 avril 2015

Lee Lozowick : L'équation parfaite







«Vous ne pouvez pas avoir trouvé l'amour et être séparé de Dieu. «Bon, je vais rester séparé(e) de Dieu parce qu'après tout j'ai des rêves à accomplir, des désirs à satisfaire et des trucs que je veux faire dans ma vie. J'ai besoin d'être libre et j'ai besoin de créer et j'ai besoin de danser et de chanter et de coudre et de faire des enfants et d'abord, de m'occuper de mon homme. J'aurai du temps pour le Seigneur une fois que j'aurai fait tout ce que j'ai besoin de faire dans ma vie. Alors, je serai aimant(e)...»

Non, vous ne le serez pas ! Peut-être que, selon les normes établies, vous serez un peu plus gentil et conve­nable que la majorité des gens ne le sont. Mais l'amour est quelque chose qui ne peut exister en dehors de Dieu. Aussi longtemps que votre «je» agit, aussi long­temps que c'est «vous» qui voulez l'amour, et « vous » qui donnez l'amour, ce n'est pas l'amour. Il se peut que ce soit de l'affection, de l'attachement, de l'intérêt, de la considération, de la compréhension, de la sympathie, de l'empathie — mais de l'amour, non ! Ce n'est pas de l'amour. Peu importe votre façon de vous sentir exaltée lorsque votre amant vous donne une rose ; ce n'est pas de l'amour. C'est de l'exaltation, pas de l'amour. Ce n'est que de la merde, comme par exemple, le coup du cœur qui fond ou de la larme à l'œil lorsque votre regard s'attarde sur votre compagnon ou votre enfant !

L'amour ne peut pas être au rendez-vous quand vous êtes séparée de Dieu. Il ne le peut pas.
A notre époque, il est de bon ton de porter le même regard sur l'amour que sur un bien de consommation. Nous faisons tous l'erreur de croire que l'ego va garder son autonomie, et que l'amour nous sera donné en prime, parce que nous nous serons «bien» conduits. Pas question ! Il est des chrétiens fondamentalistes qui sont des gens tellement bien que si l'on décernait des médailles pour bonne conduite, ils ne pourraient pas marcher tant ils seraient alourdis par la quantité de médailles sur leur poitrine. Ce n'est pas en étant quel­qu'un de bien que vous trouverez l'amour. Vous trouve­rez l'amour en disparaissant, en acceptant de vous dis­soudre. Aussi longtemps que vous existerez, l'amour n'existera pas. Quand vous cesserez d'exister, l'amour existera — à la seconde. Juste comme ça.»



«L'équation est parfaite : pas d'ego = amour, ego = pas d'amour. Il n'y a pas de gradation. La première chose que vous devez faire est d'abandonner tous vos petits «je», car vous ne serez pas fichu de savoir qui est votre «Je» tant que votre psyché servira de champ de bataille à une guerre mondiale. Il vous faut d'abord amener tous vos petits «je» dans une sorte d'espace intérieur bien délimité, afin que les trois centres (le centre intellectuel, le centre émotionnel et le centre physique) coopèrent au lieu de se contrecarrer. Les conditions qui vous sont recommandées pour pratiquer la méditation, les exercices corporels et l'étude arrivent à ce résultat. Puis, lorsque vous vous prendrez pour un génie parce que vous faites toutes ces choses, parce que vous vous sentez en super-forme la plupart du temps, parce que vous êtes détaché(e), que vous avez atteint le satori, eu des visions puis des révélations, alors il vous faudra abandonner tout cela aussi. En fin de compte, c'est nu qu'il vous faut traverser le monde, c'est libéré d'un «je» qui vous défend et vous protège et qui s'assure que vous ayez toujours raison (même quand vous avez tort). Voilà, vous connaissez toute l'histoire.

Aussi longtemps que vous vous acharnerez à mettre en scène votre «je» et à lui donner le premier rôle, vous ne réaliserez jamais Dieu. Vous n'avez pas le choix, il n'y a pas de prière qui tienne, vous n'avez pas un quart ou même un dixième de chance. Si vous commencez à vouloir abandonner tout cela, le Travail avancera vite. Vous aurez des ailes pour le faire. La crucifixion sera dure mais rapide.
Depuis des années, certains d'entre vous restent sus­pendus en croix à pleurnicher et se lamenter, mais c'est leur « putain» de faute. Il n'y a personne à blâmer à votre place, il ne faut vous en prendre qu'à vous-même et à votre refus têtu et pervers d'abandonner votre «je». Pas la peine de- dire : «Mais, j'peux pas.» Vous êtes têtu, buté, borné. Voilà la vérité. Il n'y a rien à ajouter. La vie est si simple !
Vraiment, elle se résume en deux choses : le «je» et la transcendance du «je». Alors que nous n'en finissons pas de faire toutes sortes de considérations. «Que pen­ser de ceci, que penser de cela, que penser... sur la vie après la mort ? Quand l'âme entre-t-elle dans le corps ? L'avortement est-il moral ? Que penser de l'homme, de la femme, de la vie, de la mort, de l'infini ?... Et pen­dant combien de temps encore vont-ils diffuser General Hospital à la télé ?»
Peut-être devrions-nous tous entrer à la télé; la vie y est belle là-dedans. Nous pourrions tous rester exacte­ment tels que nous sommes et ne jamais vieillir. Nous sommes une culture de crétins et, sur le plan intellec­tuel, ce pays est un terrain vague; toute une popula­tion qui ne vit plus que pour savoir si un personnage du petit écran va être assassiné ou non ! Si ce n'était pas triste à mourir, ce serait la blague la plus incroyable et loufoque dont l'homme ait jamais entendu parler ! Maintenant, c'est entre vos mains, n'est-ce pas ?»


(extrait de l'ouvrage «L'alchimie de l'amour et de la sexualité», les éditions du Relié, 1995)