samedi 31 octobre 2020

Houria Aïchi : «Atsaligh»







Chanteuse chaouie, née en plein cœur des Aurès (région montagneuse de l'Algérie), Houria Aïchi travaille depuis des années sur le patrimoine musical algérien. Patiemment, elle en collecte les derniers vestiges dans les villages oubliés et les interprète en tentant de rester aussi fidèle que possible à la tradition. 

Extrait de "Chants Sacrés d'Algérie" : "Atsaligh" (Que la prière divine soit sur le Prophète)







mardi 13 octobre 2020

Swat Valley (Pakistan) : Malam Jabba







La station de ski «Malam Jabba» située dans les hauteurs de la vallée de Swat, au Pakistan, fut construite à l'initiative du gouvernement pakistanais avec l'aide des Autrichiens. Son point culminant est à 2800m d'altitude. Les premières photos ci-dessous datent de mai 2004, lors de la tournée musicale que j'ai eu l'occasion de faire pour l'alliance française du Pakistan, avec ma grande amie chanteuse, Zaniboni. Les images de la station enneigée ont été trouvées sur le net, ainsi que toutes les autres vues de l'état actuel du lieu.
En 2008, les talibans prirent le contrôle de la région et détruisirent l'hôtel ainsi que le télésiège. L'ensemble de la station n'avait pas été restauré jusqu'en 2014, mais le site avait néanmoins repris son activité, les skieurs montant à pied ou utilisant un télésiège assez rustique, et beaucoup plus court.


Photos de mai 2004








Images trouvées sur le net

La station enneigée (avant 2008)




Après 2008





Depuis, les activités ont néanmoins repris...




 

A partir de 2014, la restauration de la station a été entreprise
et finalisée en 2017.
Voir ici : Malam Jabba


 


 

 

jeudi 8 octobre 2020

FAQ : Qu'est-ce que «croire ses pensées» ?






Tout d'abord, je pose un axiome de base : je considère comme réel ce qui apparait maintenant à ma conscience en mode perceptif direct.

Premier exemple : je roule en voiture, et la route traverse une forêt. Tout à coup, apparait au loin un gros obstacle en travers de la route, que j'analyse instantanément comme étant un arbre qui est tombé, barrant la dite route sur toute sa largeur. Que se passe-t-il ? Je freine, bien sûr, pour m'arrêter avant que la voiture ne percute l'obstacle. Un ensemble de processus mentaux inconscients s'est déroulé à toute allure, aboutissant probablement à une pensée du genre «la voiture ne peut franchir cet obstacle», cette pensée elle-même n'étant pas formulée en mots, mais transmise directement au système neuro-musculaire qui actionne la pression sur la pédale de frein.  La voiture s'arrête, fin de l'histoire.

L'ensemble de ce processus est parfaitement adapté à la situation et il n'y a pas lieu d'en parler plus longtemps.



Deuxième exemple : je roule en voiture sur une route sinueuse, et me retrouve derrière une autre voiture qui roule assez lentement, freinant au moindre virage, et que je ne peux bien sûr pas doubler. Si la situation est traitée comme dans le premier cas, tout va bien : je ralentis, considère la possibilité de dépassement dès qu'un bout de ligne droite se présentera, et c'est à peu près tout. Mais voilà, ça va souvent se passer autrement : une pensée fuse, du genre «il ne devrait pas rouler si lentement»,ce qui revient à «il me dérange, je n'aime pas être dérangé, il ne devrait pas être là»
Du mode perceptif, je bascule automatiquement dans le mode narratif et cette pensée apparait à présent sans que je m'en rende compte comme une perception réelle : il me dérange vraiment, je le sens, une émotion monte, je suis agacé, puis énervé, je peste, fulmine, traite intérieurement ce conducteur qui a l'indélicatesse de s'opposer à ma liberté de rouler à la vitesse qui me plait d'une multitudes de noms d'oiseaux, me demande comment il a fait pour avoir son permis de conduire, et pour terminer, je vais tenter par tous les moyens de le doubler, quitte à prendre des risques inconsidérés.
Ce qui était initialement une situation simple est devenu un problème pénible, douloureux, et potentiellement dangereux simplement parce qu'au réel de la situation s'est substitué le réel de ma pensée au sujet de cette situation. A partir d'une simple croyance en une pensée source («il me dérange», et son corollaire «je n'aime pas être dérangé»), une situation entièrement fictive est générée, de manière totalement inconsciente, et pendant tout ce temps, je crois dur comme fer que ce que je pense est la réalité, j'en veux pour preuve le fait que je ressente l'émotion dans mon corps d'une manière bien réelle...

En fin de compte, dans ce deuxième exemple, l'environnement mental généré par la pensée («je suis dérangé et je n'aime pas ça») est perçu comme tout aussi réel que l'environnement direct («il y a un arbre en travers de la route») du premier exemple.



Bien entendu, la croyance en nos pensées peut revêtir des aspects bien plus subtils et la pratique de «voir» les pensées prend ici tout son sens. Lorsqu'une pensée est vue en tant que pensée, elle n'a plus le pouvoir de nous entraîner dans une histoire : c'est ainsi que notre histoire personnelle finit par disparaître. Il y a des personnes qui reçoive la grâce que cela se produise d'un coup, d'autres pour qui cela prend du temps, mais le résultat est le même : les pensées ne sont plus crues. D'ailleurs, je m'arrête là pour me consacrer à trouver la pensée source qui me pousse à raconter tout ça sur ce blog, et voir si je crois encore à cette pensée...mais peut-être aussi n'est-ce que par amusement, ou encore pour passer le temps, allez donc savoir !






FAQ : Voir ou penser ?






Nous allons utiliser ici des termes empruntés à un article américain traitant d'expériences scientifiques menées sur des pratiquant bouddhistes en état de méditation. Voir sera dénommé "focus expérientiel", penser "focus narratif".



Voici donc les définitions :

The Nar­ra­tive Baseline (le focus narratif)
“When you expe­ri­ence the world using this nar­ra­tive net­work, you take in infor­ma­tion from the out­side world, process it through a fil­ter of what every­thing means, and add your inter­pre­ta­tions. Sit­ting on the dock with your nar­ra­tive cir­cuit active, a cool breeze isn’t a cool breeze, it’s a sign than sum­mer will be over soon, which starts you think­ing about where to go ski­ing, and whether your ski suit needs a dry clean.”

Lorsque vous expérimentez le monde par l'intermédiaire du mode narratif, vous prenez une information dans le monde extérieur, la traitez à travers le filtre de la signification, et ajoutez votre interprétation. Assis au bord de l'eau avec votre circuit narratif en activité, une douce brise n'est pas une douce brise, c'est le signe que l'été va bientôt se terminer, ce qui vous amène à penser à vos prochaines vacances d'hiver, où vous pourriez aller skier, et s'il ne faudrait pas faire nettoyer votre combinaisosn de ski.

The Expe­ri­en­tial Experience (le focus expérientiel)
“When this direct expe­ri­ence net­work is acti­vated, you are not think­ing intently about the past or future, other peo­ple, or your­self, or con­sid­er­ing much at all. Rather, you are expe­ri­enc­ing infor­ma­tion com­ing into your senses in real time. Sit­ting on the jetty, your atten­tion is on the warmth of the sun on your skin, the cool breeze in your hair, and the cold beer in your hand.”

Quand le mode expérientiel est activé, vous ne pensez pratiquement plus au passé ni au futur, ni aux autres personnes, ni à vous-même, ni à quoi que ce soit d'autre. Vous êtes plutôt connectés en temps réel à l'expérience directe offerte par vos sens. Assis au bord de l'eau, votre attention se porte simplement sur la chaleur du soleil sur votre peau, la douce brise dans vos cheveux, et la bière fraîche dans votre verre.




Et voici un commentaire que m'avais envoyé un pratiquant bouddhiste également américain sur ce sujet :

«En ce qui concerne la perception directe des pensées, il y a une distinction à faire entre ce que nous pourrions appeler le "focus narratif" et le "focus expérientiel". Le focus narratif est l'état dans lequel nous passons la plus grande partie de notre vie, et c'est la raison pour laquelle nous avons une si pauvre acuité perceptive, incluant les pensées.
Le focus expérientiel nous connecte directement avec les sens; cela ne veut pas dire que les pensées cessent complètement, mais qu'elles sont vues simplement comme une partie de l'expérience. Si pour vous le fait d'avoir des pensées vous coupe de vos autres sens (qui est le mode par défaut pour la plupart d'entre nous), cela signifie simplement qu'il y a une forte attraction vers le focus narratif. La question n'est pas de condamner la pensée, mais de se maintenir en focus expérientiel. La plupart des personnes auront besoin de cultiver cela, et peuvent y être aidées par les divers "basculements" de conscience pouvant se produire ça et là au cours du chemin spirituel.» (Mark Pratityasamutpada)



Conclusion : Voir ou penser, il faut trancher !