jeudi 26 novembre 2015

Transhumance du Verbe






Texte de Raymond Oillet, Arguments de René Char




Stephen Jourdain traduit parfois l'incomparable éclat du monde par l'exclamation : " Ça signi­fie! " La parole capable de le dire contre toutes les habitudes concep­tuelles acquises par la pensée habile, n'a pas l'intention d'incarcérer le réel en son discours figé, de le domestiquer. Elle est un chant, une célébration. Elle dit comme elle peut, humblement ou de toutes ses forces, la démesure, le dépassement, la dévastation. Ici, la solitude réunit, le rassemblement sépare, le non-sens — absolu : la mort ? — l'effritement ou la grossièreté sauve de l' artifice de la mesure humaine : ce sont des seuils ! Et tels seuils sont passages vers l'Ouvert, l'inconnu, l'infini... Pour preuves, je nommerai René Char qui sait nous convier aux noces de la « commune présence ». De suite, ce propos de Char, dans Description d'un carnet gris, qui nous rejoint :
" En poésie, il n'y a pas de progrès, il n'y a que des naissances successives, l'ardeur du désir, et le consentement des mots à faire échange de leur passé avec la foudre du présent, de notre présent commençant "






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