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Edward Muzika : La mort de l'ego
J'avais l'habitude de me demander, lorsque j'étais encore un nouvel étudiant du Zen qui expérimentait plusieurs fois par jour la dissolution totale de tout sens du soi : quel état est réel ?
Est-ce l'état de non-soi, l'état d'unicité et la dissolution du personnel que l'on trouve dans la méditation, après que le mental soit "lavé" comme l'eau qui coule dans un drainage, et que l'on reste sans pensées, sans soi, en complète fusion avec le monde, ou est-ce l'état du mental ordinaire dans lequel je revenais après cet état de non-mental ?
À ce moment-là je ne concevais pas une réponse telle que les deux sont également réels et également irréels, parce-qu'ils se présentaient si différemment, c'étaient des expériences totalement différentes. Je pensais que l'un ou l'autre était réel.
Beaucoup plus tard, en 1995, j'ai découvert que les deux étaient irréels, que même l'état d'unicité n'est pas réel. On peut voir que cet état apparaît "à moi", mais je suis au-delà et complètement séparé de la conscience.
Cette année-là, j'ai eu une expérience d'éveil en prenant une douche, lorsque je tournais mon attention à l'intérieur et me demandais : "Qui ressent l'eau qui touche ce corps ?" Je m'étais posé ce type de questions des milliers de fois auparavant, et dans cet état ordinaire du mental j'ai regardé au-dedans et j'ai vu le vide intérieur qui était toujours là, et qu'il n'y avait pas de "je". J'ai vu qu'il n'y avait pas d'entité, pas de personne, pas de Ed pour s'approprier l'expérience. Le vide lui-même était imprégné d'une conscience non centralisée, observant sans pensées l'eau qui touchait le corps.
Quelle incroyable révélation ! Je découvrais que le mot "je" n'avait pas de référent. Il n'y avait que le Vide unique, englobant à la fois l'intérieur et l'extérieur sans aucune distinction. Je n'étais pas mon corps, mais j'étais partout, imprégnant le corps de l'univers, la totalité de toute mon expérience dans la présence immédiate sans séparation.
Je vis que le mot auquel je me référais était un concept vide d'êtreté. Il n'y a pas de "je", il n'y a pas de "non je". S'il n'existe pas de "je" à l'intérieur, il n'existe pas de "je" à l'extérieur. La distinction : Intérieur et extérieur disparaissait. La conscience n'avait aucune direction, elle imprégnait tout. Tous les mots étaient sans valeur. Tous les mots étaient vides. Toutes les formes étaient absorbées dans le vide et étaient dénuées de toute substantialité ou de permanence. "Je", quoi que ce soit, n'était pas réel; tout ce que je percevais, pensais et ressentais n'était pas réel.
Aucune expérience ou entité ne se poursuivait ou n'existait en dehors de moi. L'expérience, le monde et les entités étaient imprégnés par le vide et par moi, mais moi-même je n'avais aucune existence, je n'étais pas là. Il n'y avait qu'être témoin des objets qui n'avaient aucune réalité.
Avec une telle réalisation et d'autres qui suivirent, il est facile de voir qu'il n'y a pas d'ego ou de soi fantaisiste qui ait une existence pour pouvoir mourir. Il n'y a qu'un ensemble de pensées, de souvenirs, de sensations et d'images qui sont retenues ensemble dans le mental, et qui créent ainsi le sens de moi. Lorsqu'il est vu que cette entité n'existe pas vraiment, où se trouve ce qui peut mourir ? On rit simplement de l'erreur d'avoir pu croire qu'il y avait un "je", un ego ou un monde !
C'est pourquoi rechercher une expérience de la mort d'une entité quelconque, pour une raison fantaisiste, est une tentative qui doit être regardée avec suspicion, car ce n'est pas vivre dans le présent, dans l'immédiateté du maintenant.
Comme Robert le disait, le Sahaja samadhi est principalement un retour vers l'ordinaire, mais il est maintenant rempli de l'émerveillement de l'extraordinaire, et la connaissance que le monde n'existe pas et que ma nature essentielle n'est pas touchée par le monde, "je suis complètement au-delà de lui ". (Traduction par Laya Jakubowicz)
1 commentaires :
Bonjour Michel,
Ainsi la conscience est d'une étourdissante simplicité...
Namaste
Oliver
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