mardi 23 décembre 2014

Réveiller la princesse endormie (E.J.Gold)(1)







Pour E.J.Gold, la "machine biologique humaine" désigne le corps, avec ses appareils mental, émotionnel et moteur.


Réveiller la princesse endormie

Nous savons maintenant que pour être opération­nelle en tant qu'appareil de transformation, la machine biologique humaine doit être éveillée, car ce n'est qu'une fois éveillée que ses fonctions transformation­nelles peuvent être pleinement activées.
Nous devons donc trouver le moyen d'éveiller, à volonté, la machine, ainsi qu'un moyen fiable de nous assurer que la machine est effectivement éveillée.

Il nous faut pour cela commencer par étudier la façon dont l'être essentiel et la machine interagissent dans leur relation, et les conditions de cette relation.

Établir un parallèle avec la relation d'un couple peut, à ce point, nous être utile, car nous pourrons plus faci­lement y observer des phénomènes qui sont communs aux deux relations.

Si nous observons un couple, un homme et une femme, en nous posant la question de savoir ce que la femme attend de l'homme, la réponse est, somme toute, évidente.
La femme n'a d'autre désir que de voir se poser sur elle la plus totale, la plus profonde et la plus constante attention d'un homme. Elle veut pouvoir s'y plonger, s'y abandonner, et lorsqu'elle y parvient, elle peut alors, et alors seulement, rendre à l'homme cette adoration.

Elle ne désire réellement rien d'autre de lui que sa plus totale adoration et tout ce qu'elle fait, du maquillage à la maternité, des journées de chasse passées à patauger dans la boue aux soirées de cham­pionnat de football devant la télé, n'a d'autre but que d'essayer d'attirer l'attention vagabonde de l'homme. Elle fera toujours tout son possible pour captiver cette attention et devenir l'unique objet de son adoration.
Pourquoi croyez-vous donc que la femme consacre la plus grande partie de sa jeunesse à apprendre toutes ces poses et démarches affectées, si ce n'est dans l'es­poir, par ces moyens de séduction, d'attirer l'attention d'un homme ?
Pourquoi croyez-vous donc qu'elle passe ainsi des heures devant un miroir, entraînant inlassablement sa machine à tout un répertoire de sourires enjôleurs, de moues boudeuses, et d'inflexions de voix, tantôt cares­santes, tantôt cassantes, afin de maîtriser toute la gamme des émotions ?

Pourquoi donc s'enduirait-elle ainsi le corps et le visage d'émollients, de boues et d'autres substances cosmétiques diverses, passant des heures et des heures à s'épiler, se pédicurer, se manucurer, se maquiller, se coiffer ?
Ce jeu de la séduction n'est pas chez elle inné, mais elle sait intuitivement qu'elle doit sacrifier à ces arti­fices afin d'attirer et de captiver l'attention d'un homme, tant qu'elle possède encore ce qui est capable de le séduire, ne serait-ce que momentanément, et même si l'homme doit par la suite se rendre compte qu'il s'est laissé attraper par un simple jeu d'artifices.

Mais si tel est l'unique désir de la femme, quel est donc celui de l'homme ?

Il ne désire rien d'autre que préserver à tout prix la liberté de son attention afin de pouvoir la poser là où bon lui semble. Il n'a d'autre envie que de s'amuser ou de se distraire. Son attention est toujours éparpillée et instable. La volonté d'attention d'une femme et d'un homme sont si dissemblables que l'on pourrait presque croire, au premier abord, avoir affaire à deux races dis­tinctes !
Afin de toujours se trouver dans le champ d'attention de l'homme, la femme doit donc anticiper chacun de ses nouveaux désirs et s'y adapter : ainsi, si l'homme se découvre une passion pour l'informatique, elle doit s'y intéresser, même si rien, en soi, ne l'y attire. Puis, si l'homme s'intéresse ensuite aux sciences, elle devra également s'y intéresser, et, de plus, faire en sorte de lui devenir, d'une manière ou d'une autre, indispen­sable dans ce domaine. Et ainsi de suite, au gré des fantaisies de l'homme...

Une véritable femme est prête à tout pour obtenir cette attention et doit, pour cette raison, accepter de renoncer à tout ce qui lui est propre et s'abandonner aux moindres désirs de l'homme, aussi aliénants ou dégradants puissent-ils être, afin d'attirer et de capti­ver son attention. Nombreuses sont celles cependant, qui, ne réussissant pas, ou ne désirant pas tout aban­donner pour une telle quête, se résignent à poursuivre leurs simples intérêts personnels.
Mais si une femme découvre par chance ce que peut être, malgré tous les sacrifices, l'adoration d'un homme, elle n'aura alors plus d'autre souci que de développer et d'approfondir une telle relation, afin d'être enfin désirée, touchée et ultimement, comblée.

« Comblée » est une expression qui, devenue triviale, ne rend malheureusement pas justice à l'inextinguible soif d'attention qu'une femme éprouve dans sa relation avec un homme, à la profonde souffrance que crée en elle le fait de ne pouvoir être comblée, de ne jamais pouvoir atteindre la plénitude de son être.
Au plus profond d'elle-même, dans l'intimité de son coeur, elle n'a jamais désiré autre chose que d'être connue, dans le sens biblique et littéral du terme.


Et c'est ainsi que toute femme apprend à n'être qu'un objet de désir, n'ayant d'autre espoir que celui du jour où l'attention d'un homme se posera enfin sur elle, même si cela n'est que par hasard, éveillant son coeur par l'intense radiation d'une totale adoration.

Mais il est bien rare qu'un homme comprenne cela et nombreuses sont les femmes qui, bien qu'ayant tout ce qu'un être humain peut désirer, se voient obligées de recourir aux artifices de la séduction afin d'attirer, de voler même, l'attention d'un homme. La séduction est le plus souvent le dernier recours du désespoir.
Séduire, fasciner ne signifie pas simplement charmer, envoûter, captiver, mais avant tout accaparer l'atten­tion d'un homme, que ce soit par l'intelligence, par la beauté, ou bien encore par de perpétuelles remon­trances, scènes, discussions et maux divers. Tous les moyens sont bons pour attirer l'attention, et lorsque même la séduction échoue, il reste toujours l'intermi­nable litanie des névroses, maladies psychosomatiques et drames familiaux qui sont devenus l'arme de prédi­lection de la mère de famille contemporaine. Séduire ou rendre fou, peu importe le moyen, pourvu qu'on obtienne le résultat désiré.
Une femme sait, de façon innée, que sa vie ne peut être complète sans un homme, mais elle ne sait que rarement que cette relation va bien au-delà de l'inti­mité ordinaire.
Elle sait intuitivement que quelque chose d'extraordi­naire doit se produire mais, ne sachant pas consciem­ment quoi, sa quête d'un homme dans la vie ordinaire est irrémédiablement vouée à l'échec.
Car tant qu'une femme n'a pas appris à maîtriser consciemment le jeu de la séduction dans le cadre du Travail, et quand bien même aurait-elle par chance réussi à attirer et captiver l'attention d'un homme, elle ne saurait alors qu'en faire.
Elle ne peut en effet, dans le cours de la vie ordinaire, savoir que ce qu'elle désire ultimement d'un homme ne peut être obtenu que par une relation mutuelle d'initia­tion et de transformation.
Quant à l'homme, il n'a en général pas la moindre idée de ce que désire réellement une femme, son princi­pal souci étant d'éviter à tout prix de se retrouver impliqué dans une relation sérieuse. Sa relation avec les femmes est celle d'un enfant avec ses jouets : à peine en a-t-il obtenu un nouveau qu'il s'en lasse et qu'il lui en faut un autre, toujours et encore !
Mais tant que son attention demeurera ainsi, tou­jours sujette à la séduction d'une autre femme, il ne pourra jamais se consacrer réellement à une relation d'initiation réciproque.
Comment donc une telle relation d'initiation peut-elle s'établir entre deux espèces qui, bien que si différentes, doivent néanmoins s'unir pour leur évolution mutuelle?
La femme doit-elle déclarer à l'homme : «Je dois être l'unique objet de ton désir et de ton attention. Ce n'est qu'en moi que tu pourras trouver ce que tu as toujours désiré, car moi seule sais ce que tu as toujours désiré. Rejoins-moi et ne me quitte plus jamais : ne détourne plus jamais ton regard de moi, ne serait-ce que pour un instant.
« Aventure-toi dans le labyrinthe de l'amour et cherche-moi. Si tu m'y retrouves, tu auras alors tout ce que tu as jamais désiré, tout ce que tu peux espérer. »
Si jamais une femme osait dire une telle chose à un homme, il est fort probable que celui-ci, dans son désir panique de quitter la pièce, se découvrirait de surpre­nants dons de passe-muraille qui ne sont généralement que l'apanage des personnages de dessins animés !
Comment une femme pourrait-elle alors convaincre un homme que rien de réel ne peut être accompli si ce n'est par ce processus d'initiation mutuelle : qu'il n'y a pas d'autre initiation que celle-ci et que tout ce qu'il a jamais recherché ne se trouve ni au bout du monde, ni au plus profond de lui-même, mais tout simplement en elle?
Tel est le dilemme auquel sont confrontées, depuis plusieurs dizaines de milliers d'années, les femmes : comment une femme peut-elle expliquer à un homme ce qu'elle sait intuitivement au fond d'elle-même sans pour autant détruire le fragile petit ego de l'homme ?
C'est pourquoi une femme accepte d'attendre patiem­ment pendant des années, que l'homme, s'étant lassé de parcourir en vain le monde, vienne calmement s'al­longer à ses côtés et poser sur elle, pour ne jamais plus l'en détacher, un regard de complète adoration.
L'homme peut alors devenir, s'il accepte de se sacri­fier, cette essence alchimique particulière qui seule peut, en se consumant, allumer le feu sacré de sa matrice, de son coeur initiatique, et s'y annihiler totale­ment, éveillant ainsi la princesse endormie.
Ce n'est qu'éveillée qu'elle pourra alors le ressusci­ter : l'homme doit donc, tout comme Osiris le fit par amour pour Isis, être prêt à se sacrifier afin d'allumer le feu intérieur de la femme, tout comme une mère est prête à se sacrifier pour ses enfants.
L'homme doit apprendre auprès de la femme que ce n'est qu'en consumant son coeur d'une adoration totale pour elle, qu'elle pourra alors être prête, en retour, à sacrifier sa vie pour lui.




9 commentaires :

Anonyme a dit…

Ca c'est vachement bien expliqué! C'est la première fois que je lis un texte qui explique parfaitement ce que je ressens depuis toujours, et que je n'ai jamais pu dire ou exprimer! Mon problème à moi, c'est que je suis beaucoup trop fière pour me "soumettre". Je préfère "mourir", (au sens figuré, bien sur), que de me soumettre. Je suis toujours sur la défensive, au pied de guerre, dans ma relation avec les hommes.
C'est fort l'inconscient...
Merci Chronophonix. Belle soirée

Astrale a dit…

ce texte est tellement bien écrit(de toi?) qu'il en serait presque convaincant! ;)
je ne suis pas sure que ce soit toute la "vérité"..

Astrale a dit…

aïe...je viens de lire plus bas...ok.
attendons la suite alors...:-)

Madeleine a dit…

C'est beau, beau à en pleurer !
comme tu dis Coline "vachement bien expliqué". C'est un dauphin de Gurdjieff qui a écrit un texte aussi fort et aussi rare sur la relation homme femme ?
Trop beau pour être vrai, je te rejoins Astrale, mais c'est bluffant ;
Merci pour cette découverte, éclairante pour les aventuriers du coeur.

Anonyme a dit…

J'ai trouvé ça très intéressant et troublant, d'une certaine façon. Mais certaines choses me gênent, comme une certaines "réduction" de ce que serait la femme, et en y réfléchissant, je repense à "l'Alchimie de l'amour et de la sexualité", de Lee Lozowick, qui parle également d'adoration, de ce qui se joue entre un homme et une femme, mais d'une façon que je sens élargie, jamais enfermante.
L'as-tu lu, Michel ?
A bientôt, et en tous cas merci pour ce texte.

Chronophonix a dit…

Les mots ne sont que des mots, et ce texte est plutôt une invitation à chercher en soi s'il existe ce niveau d'intensité décrit par l'auteur, sans présumer qu'il ait voulu résumer et enfermer les univers féminin et masculin dans cette douzaine de pages.

Anonyme a dit…

« Aventure-toi dans le labyrinthe de l'amour et cherche-moi. Si tu m'y retrouves, tu auras alors tout ce que tu as jamais désiré, tout ce que tu peux espérer. »

Ce parcours ne permet il pas de trouver la part de féminin et de masculin en chacun de nous..
et ceci par l'intermédiaire de l'autre ..pour ne faireenfin qu'un .
Chercher l'autre n'est ce pas alors trouver la part de soi qui parle de lui.

Chronophonix a dit…

"Nous ne pouvons peut-être pas trouver la vrai masculinité sans la vraie féminité. Tant que nous n'aurons pas trouvé la vraie féminité, nous ne ferons que réagir au féminin. Mais, si nous nous soumettions au féminin, peut-être que nous trouverions le vrai masculin simplement en train d'attendre, là, dans toute sa gloire. Ce que nous avons longuement cherché ailleurs, se trouve être là où nous ne l'attendons pas."

"Lorsque des relations naissent dans le contexte d'une vie dédiée à Dieu, il est important de ne pas vous conduire comme vous le feriez dans le cadre habituel des relations ordinaires. Le résultat final de l'amour authentique est la dissolution du "je" dans l'objet de l'amour. Avant d'en arriver à ce résultat, ce qui persiste de l'ego vous fait vous languir, désespérer, souffrir émotionnellement, et il n'y a rien à faire pour remédier à cet état, si ce n'est d'aimer encore plus."

Lee Lozowick, extrait de "L'alchimie de l'amour et de la sexualité"

Anonyme a dit…

.."L'homme doit apprendre aupr�s de la femme que ce n'est qu'en consumant son coeur d'un amour total pour elle, qu'elle pourra alors �tre pr�te, en retour, � sacrifier sa vie pour lui."
"You have ravished my heart and given me courage my sister, my promised bride; you have ravished my heart and given me courage with one look from your eyes, with one jewel of your necklace. How beautiful is your love my sister, my promised bride! How much better is your love than win! And the fragrance of your ointments than all spices! you lips, O my promised bride, drop honey as the honeycomb; honey and milk are under your tongue. And the odor of your garments is like the odor of Lebanon(heart)
A garden enclosed and barred is my sister, my promised bride, a spring shut up, a fountain sealed....You are a well of living waters and flowing streams from Lebanon...let my beloved come into his garden and eat its choicest FRUITS... Le chant d'amour des Chants d'Amour 4:9. "Que l'homme aime sa femme comme 'Le Consacr� a aim� l'�glise (la communaut� de ceux qui se rencontrent en communion) et s'est livr� abandonn� sacrifi� pour Elle.., ainsi que les hommes aiment leur femme comme �tant leur propre corps. Celui qui aime sa propre femme s'aime lui-m�me..ce myst�re est tr�s grand!Eph�siens 5:25

L'IMPROVISATION du 18 m'est apparue comme une belle PARabOLE de communion des coeurs ou chac-UN dans le prolongement de son instrument s'unit � TOUTautre pour laisser couler l'expression nouvelle d'une PERSONNE autrement; comme un vent dont on ne sait d'o� il vient ni o� il va mais qui passant, invite � la danse de la communion non seulemtn celui qui joue mais encore celui qui a des oreilles pour 'entendre' en v�rit�.