dimanche 20 avril 2014

Eckhart Tolle : Les 3 modalités de l'action éveillée




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Extrait du livre d'Eckhart Tollé, "Nouvelle Terre" (chapitre 10, p. 250 à 258).

Les trois modalités de l'action éveillée


Il existe trois façons dont la conscience peut passer dans ce que vous faites et, par conséquent, dans ce monde, trois modalités par lesquelles vous pouvez harmoniser votre vie avec le pouvoir créatif de l'univers. Par modalité, j'entends la fréquence énergé­tique sous-jacente qui passe dans ce que vous faites et qui relie vos actes à la conscience éveillée en train d'émerger dans le monde. Vos actes seront de nature dysfonctionnelle et proviendront de l'ego s'ils n'émanent pas d'une de ces trois modalités. Il se peut que ces modalités changent au cours de la journée, bien que l'une d'entre elles domine pendant une certaine période de votre vie. Chaque modalité correspond à certaines situations.

Ces trois modalités sont l'acceptation, le plaisir et l'enthou­siasme. Chacune d'elles correspond à une fréquence vibratoire précise de la conscience. Vous devez faire preuve de vigilance afin de vous assurer qu'une d'entre elles est en fonction chaque fois que vous faites quelque chose, qu'il s'agisse du geste le plus simple ou de l'action la plus complexe. Si vous n'êtes pas dans l'accepta­tion, le plaisir ou l'enthousiasme, observez bien et vous constate­rez que vous créez de la souffrance pour vous et pour les autres.

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L'acceptation

Quand vous ne pouvez pas prendre plaisir à ce que vous faites, vous pouvez au moins accepter que c'est ce que vous avez à faire. Accepter veut dire que, pour l'instant, c'est ce que cette situation et ce moment exigent que je fasse. Alors, je le fais volon­tiers. Nous avons déjà longuement parlé de l'importance de l'ac­ceptation intérieure des événements. L'acceptation de ce que vous avez à faire n'en est qu'un autre aspect. Par exemple, vous ne prendrez pas de plaisir à changer un pneu crevé la nuit, sous la pluie et en rase campagne. Sans parler d'enthousiasme ! Par contre, vous pouvez changer votre pneu dans une attitude d'ac­ceptation. Quand vous posez un geste dans une attitude d'accep­tation, cela signifie que vous êtes en paix pendant que vous le faites. Et la paix est une fréquence vibratoire subtile qui passe dans ce que vous faites. Superficiellement, l'acceptation peut res­sembler à de la passivité. En réalité, elle est active et créative du fait qu'elle amène quelque chose d'entièrement nouveau en ce monde. Cette fréquence vibratoire subtile de paix est la conscience. Et une des façons dont elle peut se manifester en ce monde, c'est par l'action empreinte de lâcher-prise, dont un des aspects est l'acceptation.

Si vous ne pouvez pas accepter ce que vous faites ni y prendre plaisir, arrêtez-vous. Sinon, cela veut dire que vous ne prenez pas la responsabilité de la seule chose dont vous pouvez vraiment prendre la responsabilité et qui est également la seule chose qui importe vraiment, c'est-à-dire votre état de conscience. Et si vous ne prenez pas la responsabilité de votre état de conscience, vous ne prenez pas non plus la responsabilité de votre vie.

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Le plaisir

La paix qui émane de l'action empreinte de lâcher-prise devient quelque chose de vivant quand vous prenez vraiment plaisir à ce que vous faites. Le plaisir est la deuxième modalité de l'action éveillée. Sur la nouvelle Terre, le plaisir remplacera le désir comme force de motivation. Le désir émane de l'illusion de l'ego que vous êtes un fragment distinct et débranché du pouvoir sous- jacent à toute création, par le plaisir, vous vous rebranchez sur le pouvoir créatif universel lui-même.

Quand vous faites du moment présent, et non pas du passé ou du futur, le point central de votre vie, votre capacité à prendre plaisir à ce que vous faites augmente de façon spectaculaire, tout comme la qualité de votre vie. La joie est l'aspect dynamique de l'Être. Quand le pouvoir créatif de l'univers devient conscient de lui-même, il se manifeste sous la forme de la joie. Point besoin d'attendre que quelque chose de « significatif » se produise dans votre vie pour prendre plaisir à ce que vous faites. Il y a plus de sens dans la joie que ce dont vous aurez jamais besoin. Le syn­drome qui veut que l'on « attende pour commencer à vivre » est une des illusions les plus communes de l'état d'inconscience. L'expansion et le changement positif dans le concret se manifeste­ront bien plus si vous pouvez prendre plaisir à ce que vous faites déjà, au lieu d'attendre que quelque chose change pour pouvoir prendre plaisir à ce que vous faites. Ne demandez surtout pas la permission à votre mental de prendre plaisir à ce que vous faites. Tout ce que vous obtiendrez, ce sont toutes les raisons pour les­quelles vous ne pouvez pas y prendre plaisir. « Pas maintenant, dit le mental. Tu ne vois pas que je suis occupé ? Je n'ai pas le temps. Peut-être demain tu pourras commencer à prendre plaisir à ce que tu fais... » Et ce lendemain ne vient jamais... à moins que vous ne commenciez dès maintenant à prendre plaisir à ce que vous faites.

Quand vous dites, « Je prends plaisir à faire ceci ou cela », c'est une fausse perception. En effet, cette expression donne l'im­pression que la joie provient de ce que vous faites, alors que ce n'est pas le cas. La joie ne vient pas de ce que vous faites, elle passe dans ce que vous faites et, par conséquent, rayonne dans le monde du plus profond de vous. Cette fausse perception est nor­male, mais elle est également dangereuse parce qu'elle crée la croyance que la joie est quelque chose que l'on retire d'une activité ou d'une chose. Alors, après, vous cherchez à ce que le monde vous apporte la joie, le bonheur. Mais le monde ne peut vous apporter cela. C'est pour cette raison que beaucoup de gens vivent constamment dans la frustration, car le monde ne leur donne pas ce dont ils estiment avoir besoin.

Alors, qu'elle est la relation entre une action et la joie ? Vous prendrez plaisir à n'importe quelle activité à laquelle vous serez totalement présent, à n'importe quelle activité ne représentant pas seulement un moyen pour arriver à une fin. Ce n'est pas le geste que vous posez auquel vous prenez vraiment plaisir, mais le pro­fond sentiment de vitalité qui l'anime et qui ne fait qu'un avec ce que vous êtes. Ceci veut dire que, lorsque vous prenez plaisir à faire quelque chose, vous faites réellement l'expérience de la joie de l'Être dans son aspect dynamique. C'est pour cette raison que tout ce que vous prenez plaisir à faire vous branche sur le pouvoir sous-jacent à toute création.

Voici un petit exercice spirituel qui apportera de l'expansion créative et de la puissance dans votre vie. Dressez la liste des acti­vités quotidiennes que vous entreprenez fréquemment, y compris celles qui peuvent vous paraître sans intérêt, ennuyeuses, pénibles, irritantes ou stressantes. Par contre, ne mettez pas dans votre liste des activités que vous détestez. Si vous détestez faire quelque chose, soit vous devez l'accepter, soit vous devez cesser. Vous pou­vez inscrire sur votre liste vos déplacements en voiture pour aller au travail et en revenir, les courses, la lessive ou toute autre chose que vous estimez pénible ou stressant dans votre travail. Ensuite, quand vous entreprenez ces activités, laissez-les être le véhicule de votre vigilance. Soyez totalement présent à ce que vous faites et sentez la quiétude vigilante et vivante en vous, à l'arrière-plan de l'activité. Vous découvrirez rapidement que ce que vous entrepre­nez dans un grand état de conscience devient en fait appréciable. Ce n'est plus stressant, pénible ou irritant. Pour être plus précis, ce à quoi vous prenez plaisir n'est pas vraiment l'action comme telle, mais la dimension intérieure de conscience qui passe dans l'action. Voilà ce qu'est trouver la joie de l'Être dans ce que vous faites. Si vous sentez que votre vie manque de sens ou qu'elle est trop stressante ou pénible, c'est parce que vous n'avez pas encore fait entrer cette dimension dans votre vie. Être conscient dans tout ce que vous faites n'est pas encore devenu votre objectif prin­cipal.

La nouvelle Terre émerge à mesure que de plus en plus de gens découvrent que leur principale raison d'être dans la vie est d'illuminer le monde de la lumière de la conscience et de se servir de tous leurs gestes comme véhicule de cette conscience.

La joie de l'Être, c'est la joie d'être conscient.
Alors, la conscience éveillée prend le dessus sur l'ego et se met à régir votre vie. Vous découvrirez peut-être qu'une activité à laquelle vous vous adonniez depuis longtemps commence natu­rellement à devenir quelque chose de beaucoup plus grand quand elle est infusée de conscience.
Certaines des personnes dont les gestes créatifs enrichissent la vie de bien d'autres personnes font simplement ce qu'elles pren­nent plaisir à faire sans vouloir devenir spéciales. Il s'agira peut- être de musiciens, d'artistes, d'écrivains, de scientifiques, d'ensei­gnants, de bâtisseurs ou de gens qui créent de nouvelles structures sociales ou commerciales (entreprises éclairées). Parfois, il se peut que leur domaine d'influence reste restreint. Puis, soudainement ou graduellement, une vague de force créatrice passe dans ce qu'ils font et leurs activités prennent une expansion allant bien au-delà de ce qu'ils auraient pu imaginer. Cette expansion vient toucher d'innombrables personnes. Viennent s'ajouter au plaisir une intensité et une créativité qui dépassent tout ce qu'un humain ordinaire peut accomplir.
Mais ne laissez pas tout cela vous monter à la tête, car il se peut qu'un reste d'ego s'y cache. Vous n'êtes toujours et encore qu'un humain ordinaire. Mais ce qui est extraordinaire, c'est ce qui arrive en ce monde par vous, cette essence qui est commune à tous les êtres. Le poète perse et maître soufi du 14e siècle, Hafiz, exprime parfaitement cette vérité dans cette phrase : « Je suis un trou dans une flûte par lequel passe le souffle du Christ. Écoutez cette musique. »

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L'enthousiasme

Il y a une autre façon de manifester la créativité, qui vient à ceux qui restent fidèles à la raison d'être intérieure de leur éveil. Soudain, un jour, ils savent ce qu'est leur raison d'être extérieure. Ils ont une grande vision, un grand objectif. À partir de là, ils tra­vaillent à réaliser cet objectif. Leur vision ou leur objectif est habi­tuellement relié d'une façon ou d'une autre à quelque chose qu'ils font et aiment déjà faire à une plus petite échelle. C'est ici qu'entre en jeu la troisième modalité de l'action éveillée, l'enthousiasme.

L'enthousiasme est là quand vous prenez un profond plaisir à faire ce que vous faites et que vous avez aussi un objectif ou une vision. Quand la vision vient se rajouter au plaisir de ce que vous faites, la fréquence de votre champ énergétique change. Un cer­tain degré de ce que nous pourrions qualifier de tension structu­relle vient s'ajouter au plaisir, qui se transforme en enthousiasme. Au summum de l'activité créatrice alimentée par l'enthousiasme, il y aura une énorme intensité et une puissante énergie. Vous aurez l'impression d'être une flèche qui se déplace vers sa cible et qui apprécie chaque instant de son déplacement.

Aux yeux de l'observateur, il semblera que vous êtes sous l'ef­fet du stress, alors que l'intensité de l'enthousiasme n'a rien à voir avec le stress. C'est lorsque vous cherchez plus à atteindre votre but que de faire ce que vous êtes en train de faire que le stress s'empare de vous. L'équilibre entre le plaisir et la tension structu­relle se perd et cette tension prend le dessus. La présence du stress signale habituellement que l'ego est revenu et que vous vous cou­pez du pouvoir créatif de l'univers. À la place, il n'y a que la force et les efforts du désir. Il vous faut donc être combatif et acharné au travail pour réussir. Le stress réduit immanquablement aussi bien la qualité que l'efficacité de ce que vous faites. Il y a un lien très fort entre le stress et les émotions négatives, comme l'anxiété ou la colère. Le stress est toxique pour le corps et actuellement reconnu comme une des principales causes des maladies dites dégénératives, entre autres, le cancer et les maladies cardiaques.

Contrairement au stress, l'enthousiasme possède une fré­quence énergétique élevée, qui entre en résonance avec le pouvoir créatif de l'univers. C'est pour cette raison que Ralph Waldo Emerson a dit que « Rien de grand n'a été accompli sans enthou­siasme2 ». Le terme « enthousiasme » vient du grec ancien en et theos qui veut dire « en Dieu ». Le terme grec enthousiazein veut dire « être possédé de Dieu ». Avec de l'enthousiasme, vous découvrirez que vous n'avez pas besoin de tout faire tout seul. En fait, il n'existe rien de significatif que vous puissiez faire tout seul. L'enthousiasme soutenu suscite une vague d'énergie créatrice et tout ce que vous avez à faire, c'est vous laisser porter par cette vague.

L'enthousiasme confère une énorme puissance à ce que vous faites, faisant ainsi que ceux qui n'ont pas accès à cette puissance restent bouche-bée devant vos réalisations et les associent à ce que vous êtes. Vous, par contre, vous connaissez la vérité à laquelle Jésus faisait allusion quand il disait : « Je ne puis rien faire de moi- même'. » Alors que le vouloir propre à l'ego crée une opposition directement proportionnée à l'intensité de son vouloir, l'enthou­siasme ne crée jamais d'opposition. Sa nature n'est pas de confronter ni de créer des gagnants et des perdants. Il est fondé sur l'inclusion, pas sur l'exclusion. Il n'a pas besoin d'utiliser et de manipuler les autres parce qu'il est la force de création elle-même et n'a donc pas besoin de se sustenter d'une énergie provenant d'une source secondaire. Le vouloir de l'ego essaye toujours de prendre à quelqu'un ou à quelque chose. L'enthousiasme donne à même sa propre abondance. Et quand il rencontre des obstacles sur son chemin, il n'attaque jamais mais en fait le tour ou laisse l'énergie d'opposition se transformer en énergie d'aide. Il laisse l'ennemi se transformer en ami.

Enthousiasme et ego ne peuvent co-exister, car l'un sous- entend l'absence de l'autre. L'enthousiasme sait où il va, mais en même temps, il ne fait qu'un avec le moment présent, la source de sa vitalité intérieure, de sa joie et de sa force. L'enthousiasme ne veut rien parce qu'il ne lui manque rien. Il fait un avec la vie et quel que soit le degré de dynamisme qu'il confère aux activités, vous ne vous perdez pas dans ces dernières. L'enthousiasme reste toujours un espace quiet mais cependant intensément vivant au centre de la roue, un centre de paix au sein de l'activité, paix qui est la source de tout ce qui est et qui reste intouchée par tout ce qui est.

Par l'enthousiasme, vous vous alignez totalement sur le prin­cipe créateur de l'univers, sans vous identifier à ses créations. Là où il n'y a pas identification, il n'y a pas attachement, une des grandes sources de souffrance. Une fois qu'une vague d'énergie créative est passée, la tension structurelle diminue de nouveau et la joie reste dans ce que vous faites. Personne ne peut être enthousiaste de façon permanente. Alors, une nouvelle vague d'énergie créative arrivera peut-être plus tard, avec encore de l'enthousiasme.
Une fois que le mouvement de retour vers la dissolution de la forme s'enclenche, l'enthousiasme ne vous est plus utile. Il appar­tient uniquement au cycle d'expansion de la vie. Seul, le lâcher- prise vous permet de vous aligner sur le mouvement de retour, sur le retour au bercail.

Résumons un peu ! Le plaisir à faire ce que vous faites, com­biné à une vision vers laquelle vous tendez, devient de l'enthou­siasme. Même si vous avez un but, ce que vous faites dans le moment présent doit rester le point central de votre attention, sinon vous ne serez plus aligné sur la raison d'être universelle. Assurez-vous que votre vision ou votre objectif ne soit pas une image grossie de vous-même et, par conséquent, une forme déguisée de l'ego, comme vouloir devenir une vedette de cinéma, un écrivain célèbre ou un entrepreneur fortuné. Assurez-vous aussi que votre objectif n'est pas axé sur la possession de ceci ou cela, comme un manoir au bord de la mer, votre propre compa­gnie ou dix millions de dollars en banque. Une vision illusoire de vous-même et la projection de possessions ne sont que des objec­tifs statiques qui ne vous confèrent aucun pouvoir. Assurez-vous donc que vos objectifs sont dynamiques, c'est-à-dire qu'ils sont dirigés vers une activité dans laquelle vous êtes engagé et par laquelle vous êtes en rapport avec d'autres êtres humains et le Grand Tout. Au lieu de vous voir comme un acteur ou une actrice célèbre, comme un auteur célèbre, voyez-vous plutôt ins­pirer d'innombrables personnes par votre travail. Voyez-vous enri­chir leur vie. Sentez que vous êtes une ouverture par laquelle l'énergie arrive de la Source du non-manifeste et bénéficie à tous.

Tout ceci sous-entend que votre objectif ou votre vision est déjà une réalité en vous, sur le plan de l'intellect et des émotions. L'enthousiasme est la force qui concrétise le projet mental dans la dimension physique. C'est un emploi créatif du mental, dénué de désir. Vous ne pouvez pas manifester ce que vous voulez, seule­ment ce que vous avez déjà. Certes, vous pouvez obtenir ce que vous voulez en travaillant d'arrache-pied et en devenant tendu, mais ce n'est pas la voie de la nouvelle Terre. Jésus a donné la clé pour utiliser le mental de façon créative et pour manifester consciemment les formes : « C'est pourquoi je vous dis : Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous l'avez reçu et vous le recevrez. »

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4 commentaires :

Lilou a dit…

Vibrer..
Juste s'attacher à vibrer..
de notre propre résonance au monde.

Merci pour ces extraits .

Catherine Bondy:Psycho-Praticienne et Peintre. a dit…

écouter le réel ,
devenir de plus en plus sensible , vulnérable à la Vie .
Merci Michel pour ces extraits . J'ai aimé ce livre .
Bonne journée à toi.

Mabes a dit…

juste merci...
justement merci !

Yog a dit…

Acceptation, plaisir, enthousiasme: Lu et approuvé :)