samedi 22 décembre 2012

Lee Lozowick : L'amour chimique, l'amour émotionnel et l'amour conscient (2)







On peut tirer des leçons de l'amour chimique, l'étudier et se dégager de son pouvoir de domination (en arrivant à le connaître assez bien pour ne pas être dupe de ses symptômes), mais l'amour émotionnel est tellement ravageur, entier, au regard de nos stratégies psychologiques grossières que, quand bien même on arrive à en sortir, on peut rarement s'en sortir.


D'un autre côté, dans l'amour conscient, il n'y a pas de place pour les émotions dégradantes et impulsives. Mais l'amour conscient ne fait pas fi pour autant des phénomènes chimiques — du fait que nous sommes des créatures biologiques, nous sommes enclins à perpétuer la race et, jusqu'à un certain point, nous dépendons des lois qui régissent la structure de nos cellules et de nos sécrétions hormonales.
Seul l'amour conscient peut générer une histoire d'amour où les partenaires sont sensibles aux lois de l'alchimie — les lois de transformation — qui dépassent les lois de la stagnation, de la simple survie, et qui vont à leur encontre. Nous sommes des machines, certes les plus perfectionnées de l'univers ou, au minimum, de notre galaxie, mais nous n'en restons pas moins des machines. Sans l'amour conscient, nous n'avons aucun moyen de nous différencier du vulgaire primate que nous sommes.
L'amour conscient dépasse de loin le cadre de nos relations humaines. La façon dont les humains ont créé de ravissantes variétés de fleurs relève d'une tentative d'amour conscient. L'élevage des pur-sang les plus magnifiques et des chiens de race est une autre manière de s'orienter vers l'amour conscient. Dans ces exemples, par désir du beau, l'homme s'est mis au service de la création optimale pour une espèce donnée, pour un courant d'énergie.
Ces formes d'amour conscient ont évidemment été perverties par le goût du profit ou du pouvoir, par des fins égoïstes. L'homme n'a pas travaillé pour le chien, mais pour le trophée ; l'homme n'a pas travaillé pour le cheval, mais pour gagner les courses et honorer son insatiable quête de beauté ; l'homme n'a pas travaillé pour la fleur, mais tout cela n'invalide pas son besoin initial. L'homme a travaillé parce que la fleur évoquait quelque chose en lui et que c'était là un sentiment qu'il voulait éprouver. Nous avons cherché à être des dieux, pour créer, pour transformer ! Ne sachant pas ce qu'est l'amour conscient, l'homme n'a pas pu le créer intentionnellement, mais il s'est orienté dans cette direction. L'amour conscient est la forme d'amour la plus élevée à laquelle nous puissions nous référer.
Tout ce qui tourne autour de l'idée d'une « race pure » — la démarche faite pour optimiser la lignée — est une tentative pour créer l'amour conscient. Mais elle est pervertie inconsciemment par nos motivations psychologiques égoïstes. Nous nous y prenons mal pour nous occuper de ces choses. Nous ne savons pas ce que nous faisons, cependant nous sommes littéralement menés dans certaines directions par le grand processus de l'évolution divine.
Quand l'homme est en communion avec la nature, il reçoit une forme très primitive de l'amour conscient. La nature est pure. Elle n'est pas psychologiquement tordue, elle n'a pas d'ego en soi, parce qu'elle n'a pas plus l'ego du ver de terre que celui de l'éléphant, de la montagne, de l'arc-en-ciel ou du soleil ! Face à la nature, nous pouvons être vulnérable et nous exprimer sans retenue car nous n'avons pas de répercussions psychiques à craindre. Malheureusement, nous ne recevons pas des humains ce que nous recevons de la nature, sauf lors d'occasions très particulières qui se présentent dans un espace de conscience — par exemple, dans une école qui propose un travail spirituel.
En vérité, l'amour conscient est tellement sacré et stupéfiant que, d'une certaine manière, le bien-aimé est envoûté par l'amour de l'amant. Dès lors, il ne peut être question pour le bien-aimé d'oublier ou de quitter l'amant conscient. Après un certain temps, cet amour est toujours payé de retour. La réponse initiale à l'amour conscient est, pour ainsi dire, d'y souscrire à vie.
Cependant, être capable de retourner cet amour conscient, une fois que vous êtes pris, est une autre paire de manches, tout comme il est difficile de maintenir le feu dévorant — la tension de la transformation — engendrée par l'amour conscient. Cela peut prendre tout une vie pour que ces ajustements s'intègrent au niveau de l'expérience — et alors ? Que peut-on faire d'autre qui vaille la peine ?




L'amour conscient ne se produit pas par hasard, il doit être cultivé, amorcé, activé et vécu. On ne « tombe » pas dans l'amour conscient. Celui-ci résulte d'un travail quantitativement et qualitativement draconien, dont une partie consiste à vous observer constamment afin de déterminer si ce que vous voulez pour votre amant (ou amante) est ce qu'il y a de mieux pour lui (elle), ou si cela correspond à vos propres préférences égocentriques.
Il va de soi que vous voulez certaines choses, mais qu'est-ce qui est le mieux pour l'autre — l'objet de cet amour ? A supposer que ce qu'il y ait de mieux pour lui (elle) ne tienne pas compte de vous pendant un mois, deux mois, un an ? L'amour conscient veut dire qu'il vous faut faire tout ce qu'il y a de mieux pour votre amant (ou votre amante), même si c'est contraire à ce que votre ego souhaiterait par-dessus tout pour vous. (D'ailleurs, dire « votre amant(e)» est ridicule parce qu'aucune notion de possession ne peut s'appliquer à l'amour conscient. Et bien sûr, le mot « amant(e)» n'a absolument rien à voir avec ce qu'il signifie d'habitude. Je l'utilise par commodité pour m'éviter d'avoir recours chaque fois à une périphrase interminable.) La personne qui essaie de faire grandir en elle l'amour conscient est confrontée, sans répit, chaque jour, à des situations de crise — en ce qui concerne le travail, l'heure à laquelle il lui faut se lever le matin, le nombre de fois où elle souhaite avoir des relations sexuelles et quel type de relations sexuelles, ce qu'il lui faut manger et l'apport en vitamines, le moment approprié pour avoir des enfants, leur nombre et l'éducation à leur donner, comment traiter sa belle-famille, les visites à faire à ses parents, et cela n'a pas de fin, jour après jour, encore et encore et encore. Mais ce genre de crises se produit uniquement au niveau du mental — elles sont fondées sur des données qui relèvent du psychologique et du mental — et non au niveau corporel.
« Qu'est-ce qui est le mieux pour mon amant(e) ? » Quoi que cela puisse être, c'est à cela que vous devez vous rendre. (Et ce genre de soumission vient de l'abandon au Divin. De lui-même, l'ego ne peut jamais faire de tels choix. Seule la volonté divine est assez intelligente pour avoir une perspective appropriée de la situation.)
Il arrive parfois que ce qui convient le mieux pour votre amant(e) lui soit très douloureux. Il lui faudra peut-être accomplir quelque chose en versant des larmes de sang et il (elle) s'y opposera à mort. Si vous avez l'impact nécessaire sur votre amant( e), qui lui permette d'accomplir ce qui lui est demandé pour lui (elle), alors vous devez passer à l'action ; même si cela veut dire que vous serez sous pression d'une façon incroyable ; même si cela veut dire que votre amant(e) n'arrêtera pas de vous mettre des bâtons dans les roues pour vous en empêcher.
Vous ne pouvez pas être un(e) amant(e) conscient(e), dans le sens où je l'ai défini, sans que Dieu ne soit au coeur de la relation avec la personne avec qui vous vivez. Lorsqu'avec votre partenaire vous vous conduisez en amant(e) conscient(e), vous êtes parfaitement accordé aux dimensions spirituelles de l'intelligence divine. Si vous vous essayez à ce type de décisions dont nous venons de parler, en faisant appel à des données que vous avez intégrées ou à des expériences acquises, alors, dans le meilleur des cas, vous agirez à partir d'une solution devinée grâce à votre éduçation. La certitude est l'affaire de la volonté divine qui prend des décisions par le biais de l'instinct humain, mais jamais à partir d'une construction mentale ou d'une accumulation de connaissances.
Lorsque vous aimez d'un amour conscient, vous pouvez pressentir la perfection dans votre amant(e), non parce qu'il (elle) est un humain, mais parce qu'il (elle) est un élément de la création divine. Peu importe l'aspect de l'enveloppe, peu importe la quantité de bonnes ou de mauvaises habitudes chez l'autre, peu importe son degré de « folie », vous pouvez toujours ressentir cette perfection, cette essence. Et au prix de tout ce qui compte pour vous dans la vie, même si cela doit vous coûter votre équilibre mental, vous voulez faire apparaître cette perfection chez votre amant(e). C'est cela l'amour conscient. Ce genre de relation idéale doit être cultivé. Il faut y travailler, s'y entraîner. Vous n'avez pas été élevés pour faire cela dans cette société. Le plus grand accomplissement que nous puissions jamais espérer pour nous-mêmes est de devenir des amant( e )s conscient( e )s.
La plupart d'entre nous ne sont même pas tolérants consciemment. (La différence est énorme entre être simplement tolérant et être tolérant consciemment.) Nous sommes un amas informe de tendances, d'habitudes et de névroses. La tolérance consciente est la reconnaissance de ces tendances et la compréhension qu'il nous faut établir des rapports avec les autres en tenant compte de toutes leurs habitudes et névroses, sans attendre qu'ils s'arrêtent de nous « caresser à rebrousse-poil ». Si c'est cela que nous attendons, nous pouvons y passer notre vie, voire plus. Peut-être qu'en l'espace de cinq ans, ils auront quelque peu changé, ou peut-être qu'ils ne changeront jamais, mais quoi qu'il en soit, ils sont ainsi faits !




Si vous arrivez à voir cette étincelle de perfection dans votre amant(e), il faut vous relier à la fois à ce niveau de profondeur et au niveau superficiel de son être, jusqu'à ce qu'il (elle) change, jusqu'à ce qu'il (elle) agisse en accord avec sa perfection innée. C'est cela la tolérance consciente.
Cependant, la tolérance dont la plupart des personnes font preuve, n'est pas une tolérance qui relève d'un choix. C'est presque une tolérance par nécessité. Nous sommes tolérants parce qu'il faut que nous le soyons, parce que ce que nous voulons, c'est nous entendre avec l'autre, parce que nous n'en avons rien à foutre ou parce que nous ne voulons pas créer « J'emmerde » ou de problème. Nous sommes tolérants pour notre propre survie et non pas consciemment tolérants pour le (la) bien-aimé(e). Nous ne voyons pas la perfection dans l'autre, et réciproquement. Au lieu de cela, nous n'arrêtons pas de pester et de grogner, et lorsque les défauts des autres reviennent à nos oreilles, si nous avons assez de force de volonté, nous serrons les dents pour ne pas parler. Nous sommes tolérants ! Comme nous ne voulons pas faire de remous, nous sommes tolérants.
Mais il est demandé à l'amant(e) conscient(e) de faire tout autant preuve d'humilité que de tolérance consciente. L'amant(e) conscient(e) peut être cent mille fois plus près de sa propre perfection que son (sa) bienaimé(e) ne l'est, mais l'humilité lui sera toujours demandée. Si vous vivez pour le (la) bien-aimé(e), quelle importance peut avoir le degré de perfection que vous aurez atteint ? Vous ne vous trimbalez pas partout en grand seigneur pour faire étalage de votre perfection !
Avec le temps, ceux qui s'offrent au processus alchimique de l'amour conscient retournent cet amour en nature ; leur propre force et leur propre processus d'évolution les en rendent capables. Dans la réciprocité de l'adoration et de la dévotion cohabitent une manière parfaite de donner et une manière parfaite de recevoir. On a toujours les deux mouvements : donner et recevoir. Il n'y a jamais d'embrouille quant à savoir qui donne quand et qui reçoit quand. On donne et on s'ouvre en donnant, on reçoit et on s'ouvre en recevant, et ce fonctionnement est valable pour deux ou plusieurs personnes à la fois. Il est évident qu'il s'applique entre un homme et une femme, entre amis du même sexe et aussi, entre un humain et Dieu (là, il vaudrait mieux !)




Nous devons savoir ce que nous faisons. Dans la création de l'amour conscient, nous travaillons avec une usine chimique qui est bien plus perfectionnée, sur le plan technologique, que n'importe quelle usine chimique sur terre. Si nous ne détenons pas la connaissance, c'est-à-dire, si nous ne voulons pas connaître le type de relation qui existe entre l'univers fonctionnel, formel, et le mouvement de Dieu, si nous ne voulons pas comprendre le principe hiérarchique de la chimie et des énergies qui se rencontrent, ont des interactions, et constituent ce corps, alors, nous nous entre-tuerons. Nous rendrons nos partenaires malades, malheureux, fous. Dans le vrai sens du terme, nous nous détruirons réciproquement au cours d'une vie. Nous ne nous contenterons pas de filer aux autres des maladies psychosomatiques en tout genre. Si la connaissance est absente, les gens s'entre-détruiront véritablement.

 A lui seul l'amour ne suffit pas ; il faut lui ajouter cette connaissance. Si nous ne faisons qu'aimer, sans accomplir la loi, nous mourons. L'amant(e) conscient( e) se fiche de renoncer à tout ce qui est nécessaire pour servir le (la) bien-aimé(e); et, idéalement, le (la) bien-aimé(e) devrait aussi détenir la connaissance, afin que les deux puissent mutuellement se nourrir et se libérer.






1 commentaires :

Anonyme a dit…


A dire vrai, je m'attendais à une proposition bien plus "raide" de Lee ... Et pour affronter l'affaire (ma projection !), je m'amusais à m'entraîner à ce à quoi je pensais que Lee allait faire ... Nous mettre "au pain sec et à l'eau" de la relation.
Ben, voilà, plus de relation pour la peine !
La mort dans l'âme, je m'entraînais intérieurement, je m'entrainais "au grand désert de la solitude", en relation sans relation, me retirant dans un désert intérieur, loin, très loin, plus personne, disparue ...
Et terminé le charme intempestif à toute heure, les "ben, tu sais bien, je t'aime !" à la moindre occasion ... Elle est tellement mignonne, rien ne lui résiste ...
Terminée, finie, la chanson.
En relation sans relation, la chanson disparait.
Place au silence intérieur dans la relation.
Eh là, surprise, ce à quoi j'ai rêvé toute ma vie (+ 20 ans de couple tout de même), je l'ai eu ! L'aimer ! Il n'y avait que lui, lui et lui seul, VU, entièrement VU, (comme je ne l'avais jamais vu) !

:-****