dimanche 25 mai 2014

Sacré ou profane ?






Musique objective ou musique subjective? Musique sacrée ou musique profane? Tout d'abord, deux textes, tous deux écrits par des instructeurs spirituels reconnus.

Osho (Baghwan Shri Rajneesh)
, extrait de "The last testament", Vol 3, chapitre 24.


L'art peut être divisé de deux façons :Quatre-vingt-dix-neuf pour cent de l'art est de l'art subjectif. Seul un pour cent est de l'art objectif. Les quatre-vingt-dix-neuf pour cent de l'art subjectif n 'ont aucun rapport avec la méditation. Seul le un pour cent d'art objectif est basé sur la méditation. L'art subjectif implique que vous déversiez votre subjectivité sur la toile, vos rêves, vos imaginations, vos fantasmes. C'est une projection de votre psyché. La même chose se produit dans la poésie, dans la musique, dans toutes les dimen­sions de la créativité. L'art objectif est tout à l'opposé. L 'homme n'a rien à jeter dehors, il est tout à fait vide, absolument propre. De ce silence, de cette vacuité naît l'amour, naît la compassion. Et de ce silence monte un espace pour la créativité. Ce silence, cet amour, cette compassion - ce sont les qualités de la méditation. La mé­ditation vous amène à votre véritable centre.(...)
Il y a en Inde des statues devant lesquelles il vous suffit de vous asseoir silencieusement et de méditer. Voyez simplement ces statues. Elles ont été faites par des méditants, d 'une telle façon, dans de telles proportions, que simplement en regardant la statue, la silhouette, les proportions, la beauté...
Tout est calculé pour créer un état semblable en vous. Et simplement en vous asseyant silencieusement face à une statue de Bouddha ou de Mahàvira, vous rencontrerez un sentiment étrange, que vous ne pouvez pas éprouver en vous asseyant auprès d'aucune sculpture occidentale. Toute la sculpture occidentale est sexuelle. Vous voyez la sculpture romaine : belle, mais quelque chose crée le désir sexuel en vous. Cela frappe votre centre sexuel. Cela ne vous élève pas. En Orient la situation est totalement différente. Des statues sont sculptées, mais avant qu'un sculpteur ne commence à sculpter des statues il apprend la méditation. Avant qu'il ne commence à jouer de la flûte, il apprend la méditation. Avant qu 'il ne commence à écrire de la poésie il apprend la médita­tion. La méditation est une nécessité absolue pour n 'importe quel art ; alors 1'Art sera objectif. (...) L'Art objectif est un art méditatif, l'Art subjectif est un art du mental.

G.I.Gurdjeff, extrait de "Fragments d'un enseignement inconnu", d'Ouspensky (p 416/417)


Je vous rappellerai d'abord qu'il y a deux sortes d'art, sans commune mesure, l'art objectif et l'art subjectif. Tout ce que vous connaissez, tout ce que vous appelez art, c'est l'art subjectif, que je me garderai bien, pour ma part, d'appeler art, parce que je réserve ce nom à l'art objectif.

Ce que j'appelle art objectif est très difficile à définir, d'abord parce que vous attribuez ses caractéristiques à l'art subjectif, ensuite parce que vous placez les oeuvres d'art objectif, lorsque vous êtes mis en leur présence, sur le même niveau que les oeuvres d'art subjectif.


Je vous exposerai clairement mon idée. Vous dites : un artiste crée. Je réserve cette expression pour l'artiste objectif. Pour l'artiste subjectif, je dis que chez lui, "ça se crée ". Mais vous ne faites pas la différence; et pour­tant, elle est immense. De plus, vous attribuez à l'art subjectif une action invariable, autrement dit vous croyez que tout le monde réagira de la même façon à des oeuvres d'art subjectif. Vous vous imaginez, par exemple, qu'une marche funèbre provoquera chez tous des pensées tristes et solennelles et que n'importe quelle musique de danse, une komarinski, par exemple, provoquera des pensées heureuses. En fait, ce n'est pas du tout le cas. Tout dépend des associations. S'il m'arrive d'entendre pour la première fois, sous le coup d'une grande infortune, un air gai,cet air provoquera en moi par la suite, et toute ma vie durant, des pensées tristes et oppressantes. Et si, un jour où je me sens particulièrement heureux, j'entends un air triste, cet air provoquera toujours en moi des pensées heureuses. Il en est de même pour tout.

Entre l'art objectif et l'art subjectif la différence est en ceci que dans le premier cas l'artiste crée réellement — il fait ce qu'il a l'intention de faire, il introduit dans son oeuvre les idées et les sentiments qu'il veut. Et l'action de son oeuvre sur les gens est tout à fait précise; ils recevront, chacun d'eux selon son niveau naturellement, les idées et les sentiments mêmes que l'artiste a voulu leur transmettre. Lorsqu'il s'agit d'art objectif, il ne peut rien y avoir d'accidentel, ni dans la création de l'oeuvre même, ni dans les impressions qu'elle donne.

Lorsqu'il s'agit d'art subjectif, tout est accidentel. L'artiste, je l'ai dit, ne crée pas; chez lui, " ça se crée tout seul ". Ce qui signifie qu'un tel artiste est au pouvoir d'idées, de pensées et d'humeurs que lui-même ne com­prend pas et sur lesquelles il n'a pas le moindre contrôle.
Elles le gouvernent, et elles s'expriment d'elles-mêmes sous une forme ou sous une autre. Et lorsqu'elles ont pris accidentellement telle ou telle forme, cette forme, tout aussi accidentellement, produit telle ou telle action sur le spectateur selon ses humeurs, ses goûts, ses habitudes, et la nature de l'hypnose sous laquelle il vit. Il n'y a ici rien d'invariable, rien de précis. Dans l'art objectif, au contraire, il n'y a rien d'imprécis.

L'art ne risque-t-il pas de disparaître en se précisant ainsi ? demanda l'un d'entre nous. Et n'y a-t-il pas jus­tement une certaine imprécision, un je ne sais quoi, qui distingue l'art de --disons : la science ? Que cette impré­cision disparaisse, que l'artiste lui-même cesse d'ignorer ce qu'il veut obtenir, qu'il sache à l'avance l'impression que son oeuvre produira sur le public, alors ce sera un livre "... Ce ne sera plus de l'art. Je ne sais pas ce dont vous parlez, dit G. Nous avons des mesures différentes : j'apprécie l'art à sa conscience — vous l'appréciez d'autant plus qu'il est inconscient. Nous ne pouvons pas nous comprendre. Une oeuvre d'art objec­tif doit être un "livre", comme vous dites ; la seule diffé­rence est que l'artiste ne transmet pas ses idées directe­ment à travers des mots, des signes ou des hiéroglyphes, mais à travers certains sentiments qu'il éveille consciem­ment et d'une façon méthodique, sachant ce qu'il fait et pourquoi il le fait.

Il suffit de remplacer dans ces textes le mot "art" par le mot "musique", le questionnement reste le même.
Le seul commentaire que je ferai ici est le suivant : lorsque j'utilise un support musical pour une méditation, je choisis toujours des musiques d'inspiration spirituelle, comme le chant Grégorien des moines Chartreux, les chants Qawwali du Pakistan, les chants des lamas Tibétains, les bahjans indiens, etc...
Ce qui ne m'empêche nullement d'écouter attentivement du jazz, rock, pop, chanson diverse, et bien sur musique classique et contemporaine.
Questionnement à suivre...que dire par exemple des musiques de l'article suivant ?



3 commentaires :

Anonyme a dit…

Entre objectif et subjectif
il y a peut être juste une question de fréquence ..
c'est toujours la même personne qui parle mais la fréquence est autre..

Chronophonix a dit…

parler depuis l'horizontale ou depuis un point situé sur la verticale de l'être, même peu élevé, engendre des "fréquences" différentes qui parlent aux niveaux correspondants chez ceux qui écoutent.

Anonyme a dit…

Avant qu'il ne commence à jouer de la flûte, il apprend la méditation
Oui,
trouver suffisamment
de silence en nous,
devenir transparent
comme l'eau claire,
pour que la vie puisse enfin s'exprimer à travers nous,
en toute justesse
et en toute joie...
Sourire