samedi 10 mai 2008

Stephen Jourdain (1)



"Le processus de symbolisation : déchéance et redemption." Tel est le titre d'un article de Stephen Jourdain paru dans le numéro 69 (automne 2003) de la revue 3ème Millénaire, composé d'extraits d'entretiens donnés les 7, 8 et 9 avril 1995.
Ici est posée de manière radicale l'interrogation quant à la réalité que nous attribuons à nos pensées et la façon dont nous réagissons à ces pensées comme s'il s'agissait de faits concrets
et solides. L'intellect seul est vite débordé, l'intuition doit prendre le relai...
Comme ce texte est relativement long, il sera exposé en 6 fragments. Je remercie au passage Alain de m'avoir donné cette idée utilisée pour la publication du texte de Ken Wilber.




1
Nous nous trompons sur la nature même de notre esprit. Nous le créditons constamment d’une pseudo-réalité. Nous considérons, ce qui est absolument irréel, qu’à l’intérieur de notre esprit tout se passe, comme sur terre, sur un mode perceptif. Et nous sommes dans l’impression constante que notre esprit ou notre moi, y compris notre être le plus intime, fonctionne comme notre être terrestre : qu’il est fait pour commercer avec des êtres et des choses. Ceci est entièrement faux ! Notre être le plus intérieur n’est pas fait pour commercer avec des êtres, des choses et des évènements, il est conçu pour commercer, à travers des signes, avec du sens. En d’autres termes, notre être inti­me ne perçoit pas, il lit. Et nous nous trompons en croyant que notre moi est fait pour voir, ou percevoir des êtres et des choses, alors qu’il n’a jamais eu pour seul com­merce que le sens, par la médiation de signes.
Notre être intérieur est, en fait, éternellement en position de lecture. Et la vie intérieure habituelle n’est que la dégradation de cette caractéristique de notre esprit. Dès l’instant où nous en avons l’intuition, (qui devrait nous montrer que nous commerçons avec du sens par l’intermédiaire de signes), nous comprenons très bien que l’acte fondamental de l’es­prit est un acte de lecture.
Nos sentiments et nos émotions sont des espèces d’objets qui nous font peur comme sur terre des bêtes féroces pourraient induire que nous sommes vulnérables. Nous sommes vulnérables physiquement, oui ; mais intérieurement, est-ce que quelque chose peut attenter à mon
intégrité ? Non, jamais du signe et du sens n’ont pu exercer un effet négatif sur une âme ! L’innocuité du signe et du sens est absolue et donc, si nous changions l’optique que nous avons sur notre fonctionnement intérieur, nous comprendrions, dans un éclair éblouissant et extraordinairement apaisant, que, dans le monde du signe et du sens, nous ne pou­vons pas être blessés ou atteints. Et il existe bien une paix exquise due au commerce propre de notre esprit.

Cette caractéristique de l’esprit vrai, qui com­merce uniquement avec du signe et du sens, et jamais avec des choses, des êtres ou des évène­ments, n’est pas évidente si nous ne considérons que la surface de l’esprit. Cela apparait lorsque nous nous enfonçons dans l’intériorité profonde, près de la source, où cela devient tout à fait clair.

2 commentaires :

Anonyme a dit…

Pas facile d'accès pour moi, Stephen Jourdain!!! Pascale :-))

Unknown a dit…

je me permet de poser ici une idée de ce que pere Jourdain raconte::

reconstitution d'une démasquerie imagines-que;

L'image surgit avec son sens et ce qu'elle implique pour le sens de mon moi,
Début de communication entre l'image et son sens et l'image moi,
Surgissement d'une lucidité silencieuse et intelligente,
Assassinat de l'image par compréhension instantané,
Description de l'acte criminelle;
Moi seul ici maintenant,face a une image crée par moi meme,cette image n'ayant aucune réalité dans sa texture est son sens,son sens que je penser universel,mais il ment il est purement personnel est de mon fait,car il n'existe pas de sens universel,c'est un mensonge de l'image,de la conscience collective,une défaillance de l'esprit...
sa n'a pris qu'une seconde,et je suis....
Fin du meurtre

amicalement

dodo