dimanche 11 mai 2008

Stephen Jourdain (2)



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Suite à cette première approximation, nous pou­vons maintenant faire état d’un phénomène spirituel qui est généralement totalement ignoré, même s’il y a quelques références chez Sartre — qui sont celles que j’ai trouvé sans avoir vraiment cherché !
Pour cela, je vais être obligé de faire ici un peu de peinture métaphysique. Il y a « je suis conscient » : c’est l’amont absolu. Et puis, « je suis conscient » génère un phénomène externe qui est « je pense » considéré comme un principe. Et « je pense » génè­re la création ou la mise en place des choses, qui est l’invention et la mise en place d’ Eden.
Arrêtons-nous ici un instant, et posons-nous ce genre de question très étrange : comment « je pense » ? Comment notre pensée, à sa source, se communique-t-elle, à elle-même, son propre conte­nu ? Ou encore, comment le sujet pensant se com­munique-t-il à lui-même sa propre existence ?Pour une bonne description, il y a une réponse à cette question qui, à mon avis, est d’une importan­ce extraordinaire pour la bonne raison qu’elle a une incidence pratique.
Comment je pense communique-t-il avec lui- même, s’agissant autant de la pensée émise que de l’existence de Je ou du sujet ? Eh bien, très extraor­dinairement, cette communication n’est pas directe, mais indirecte, et passe par le biais d’une symboli­sation. Ceci est un phénomène d’une importance inouïe, parce que c’est ce phénomène de symboli­sation qui va d’abord se dégrader et mettre en place notre déchéance spirituelle. Mais comment cela se passe-t-il concrètement — car bien sûr c’est un phé­nomène tout à fait réel et concret tout en étant enfoui dans les profondeurs de nos esprits ?
En fait, très étrangement, en amont de moi- même, la pensée que je produis accède à son conte­nu par voie de symbole. On pourrait penser que, dans un premier temps, elle se communique directement son propre contenu, mais il semblerait que pour que cette connaissance soit parfaite, elle soit obligée de se réitérer et donc de produire, elle-même, un sym­bole ; c’est-à-dire de s’auto-symboliser pour se donner légitimement un contenu.
Mais maintenant, la question se pose concrète­ment : de quel symbole s’agit-il ? Eh bien, il s’agit d’un dispositif symbolique qui jaillit directement de l’intériorité, constitué par une imagerie mentale profonde totalement non consciente, dans l’état dit vigilant, mais toujours là, et que nous connaissons admirablement comme le fond de notre poche, sauf que cela n’a jamais croisé notre pensée, n’a jamais été nommé ou baptisé, si bien que cela échappe à notre conscience d’homme.