dimanche 28 février 2016

2015 ?








Une alternative crédible à ce que semble nous réserver l'avenir tel que l'évoquent la plupart des médias actuels.
(Le livre "2100, récit du prochain siècle", a été publié en 1990 sous la direction de Thierry Gaudin)



La suite de la nuit du 4 août 1789, où les privilèges furent abolis, fut autrefois vécue dans la peur. 2015 rappelle aux riches la grande peur qui déclencha l'inversion de leur stratégie. Seuls les plus intelligents ont pu traverser les troubles. S'y ajoutent des parvenus qui en ont profité par des trafics divers. Ils savent qu'aucune forteresse ne peut plus tenir, que les tentatives dures de maintien de l'ordre sont vouées à l'échec. La complexité des techniques modernes s'accompagne de vulnérabi­lité. L'accumulation de richesses devient illusoire si on ne peut plus en jouir en paix. Une minorité se constitue dans les classes dirigeantes. Elle veut la fin des privilèges, la démocratie économique. Entreprises et possédants n'ont même pas compris 1789, dit-elle. Monarchiques, héréditaires, de droit divin, ils raisonnent à courte vue, en fonction de leurs intérêts immédiats. Comment ne pas voir en effet que la pauvreté est cause d'une démographie galopante qui submergera inévitable­ment les îlots de prospérité ? Il faut réintégrer les exclus. La nouvelle sauvagerie qui s'installe à nos portes n'est pas digne de l'espèce hu­maine. Il faut structurer l'espace : exproprier, reconstruire des villes bien ordonnées, induisant un style de vie civilisé. Structurer aussi les mentalités, par de la propagande éducative. En 1871, en France, Thiers avait bénéficié de la complicité tacite de l'ennemi pour mater la Commune. Mais la véritable réponse de la bourgeoisie fut celle de Jules Ferry : l'enseignement pour tous, laïc, gratuit et obligatoire. "Nous ne pouvons pas les éliminer, façonnons-les à notre image. Éduqués, ils penseront comme nous et entre­ront dans notre jeu". Le pari était juste, l'his­toire l'a confirmé. Dès janvier 2016, un orga­nisme nouveau, l'Entente éducative mondiale, consortium d'entreprises cofinancé par les états, organise, au niveau planétaire, des en­seignements de masse. Ils passent, non par l'ancien système scolaire, mais par des voies nouvelles, plus directes et efficaces. La télévi­sion est mobilisée, ainsi que les jeux vidéo, les organisations de loisir, les associations. On trouve les moyens financiers nécessaires : l'argent de la peur ne manque pas.